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Oceana réclame un suivi des stocks de poissons

Photo: Archives Métro

OTTAWA — Le Canada a encore beaucoup de travail à faire pour inverser le déclin à terme de ses stocks de poisson, conclut Oceana Canada.

L’organisme a publié mardi son deuxième audit annuel des pêches, un bulletin d’évaluation plutôt sombre de la santé des stocks de poissons du Canada. Le directeur scientifique d’Oceana, Robert Rangeley, espère que l’audit sera reçu comme un «signal d’alarme» pour une meilleure gestion de la pêche.

«Ma plus grande crainte, c’est la complaisance», a déclaré M. Rangeley. «Près du tiers seulement de nos stocks de poissons sont en bonne santé, ce qui constitue une très mauvaise performance pour les 194 stocks qui sont si importants pour les communautés côtières.»

Seulement 34 pour cent des stocks de poisson du Canada sont ainsi considérés comme sains, soit un peu moins qu’en 2017, indique le rapport d’Oceana; 29 pour cent se trouvent dans une zone critique ou «de prudence». Certains poissons, comme le hareng du Pacifique à Haida Gwaii, ont glissé dans la zone critique cette année. Par ailleurs, le statut de 37,1 pour cent des stocks demeure incertain à cause de données scientifiques insuffisantes, ce qui inquiète particulièrement Oceana.

Les chiffres de l’organisme illustrent d’autre part la lenteur de la mise en oeuvre de la politique de gestion des pêches au Canada. Oceana s’attendait à voir davantage de stocks passer de la zone incertaine à l’une des autres catégories cette année, mais en réalité, les aiguilles ont à peine bougé.

Par ailleurs, sur les 26 stocks considérés comme «en état critique», seuls trois bénéficient d’un plan de rétablissement. Et même lorsque ces plans sont publiés, Oceana note qu’ils reposent souvent sur des évaluations scientifiques obsolètes. Dans la région de Québec, les deux «stocks épuisés de façon critique», la morue franche et la merluche blanche, ne bénéficient pas de plan de rétablissement, selon Oceana — celui de la merluche a expiré en mai dernier.

Un équilibre à atteindre
Par ailleurs, les poissons à nageoires du Canada atlantique sont les plus fortement représentés parmi les stocks critiques. Or, l’organisme note que ces plans de rétablissement sont habituellement très lents à se mettre en place.

Oceana cite l’exemple du moratoire sur le cabillaud de 1992, qui a dévasté les communautés de pêcheurs de Terre-Neuve. Or, 26 ans plus tard, aucun plan n’a été mis en place pour reconstituer le stock de morue du Nord.

Selon M. Rangeley, il s’agit de trouver un équilibre entre un écosystème océanique sain et une industrie alimentaire viable et durable, pour les petites communautés — «ce qui n’est pas impossible: cela a déjà été fait auparavant». Le rapport d’Oceana recommande notamment d’allouer des ressources scientifiques à l’évaluation des stocks et d’élaborer des plans de rétablissement à jour et bien appliqués.

Il recommande également de compléter et publier la Politique nationale de surveillance des pêches, en rendant obligatoire un niveau suffisant de surveillance pour toutes les pêches commerciales, qui obligerait les entreprises à assurer un suivi suffisant des captures annuelles.

«On pourrait récolter des fruits de mer de manière durable indéfiniment» grâce à une bonne planification, selon M. Rangeley. «Mais nous ne le faisons pas.»

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