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L’art a un effet positif sur la santé des aînés

MONTRÉAL — De nombreux aînés auraient avantage à se tourner vers un musée plutôt que le bureau du médecin pour améliorer leur santé, leur qualité de vie et leur bien-être, puisqu’il est désormais démontré que «l’art fait du bien» dans tous les sens de l’expression.

Une étude inédite menée au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) par des chercheurs en gériatrie de l’Université McGill, dont les résultats ont été présentés mardi au Musée, montre en effet que la participation à une activité artistique en groupe, telle que la peinture ou le dessin, a des effets bénéfiques à tous points de vue.

La recherche clinique, menée auprès de 150 personnes âgées de 65 à 94 ans sur une période de 10 mois, montre notamment que la participation aux ateliers artistiques offerts par le Musée, au rythme d’une fois par semaine, a une influence directe sur la santé des participants dits «fragiles»; après trois mois, les participants à la santé fragile ont noté une nette amélioration de leur état.

Fait à noter, la recherche n’a pas porté sur des personnes malades, mais bien sur des aînés autonomes dont l’état de santé était catégorisé comme étant «vigoureux», «peu fragile», «moyennement fragile» et «très fragile», selon des critères reconnus dans le domaine.

«Redevenus vigoureux»
«Dans notre population, au début, on avait 50% de sujets avec une fragilité légère à modérée et on a augmenté de 28% le pourcentage de gens qui sont redevenus vigoureux, qui sont sortis de la fragilité à la sortie de l’étude», a détaillé le directeur de la recherche, le docteur Olivier Beauchet, professeur de gériatrie à McGill, titulaire d’une chaire en médecine gériatrique et directeur du Centre d’excellence sur la longévité.

«On avait 48% de sujets qui étaient vigoureux à l’entrée et, à la fin, on en avait 76%, et dans les groupes de fragilité, on diminue de 50% le pourcentage de gens qui ont un niveau de fragilité», a-t-il précisé.

De plus, les participants ont rapporté une progression régulière et graduelle de leur qualité de vie durant toute la session, de même qu’une amélioration de leur bien-être à la suite de chaque atelier, bien que, dans ce dernier cas, l’amélioration n’était pas cumulative d’une fois à l’autre.

«Le bien-être s’améliorait quel que soit l’atelier réalisé au cours de cette session de trois mois et la qualité de vie augmentait progressivement au cours des trois mois et, surtout, le résultat qu’on détermine, c’est qu’à la fin, on améliore l’état de santé des gens», s’est enthousiasmé le chercheur.

«Un vieillissement réussi»
Le docteur Beauchet reconnaît d’ailleurs avoir constaté des bénéfices sur la santé au-delà de ses attentes.

«Pouvoir dire que des sujets qui avaient un niveau de fragilité léger à modéré, on arrive à les remettre sur une trajectoire qu’on va appeler un vieillissement réussi, c’est très rare, même avec des médicaments.

«Et là, avec une intervention de ce type, on peut influencer le devenir, la trajectoire de ces individus.»

«Les gens meurent moins dans des pourcentages incroyables»

Olivier Beauchet estime que ces résultats démontrent l’étonnant pouvoir préventif de l’art-thérapie qui, si on l’avait récemment constaté sur des malades, semble bien se transposer chez des aînés en santé.

«À l’hôpital, quand on travaille sur des sujets qui font des peintures et qui sont malades à l’hôpital — on vient de sortir les résultats d’une dernière étude — les gens meurent moins dans des pourcentages incroyables. (…) Cette émotion positive, ces stimulations émotionnelles à travers l’art, la production artistique, est quelque chose d’incroyable en termes de pouvoir.»

Bien qu’il soit encore trop tôt pour l’affirmer avec certitude, il note une tendance à une réduction des consultations et des hospitalisations chez les participants.

«Un musée acteur de santé publique, c’est assez original et surtout, ça peut avoir des effets majeurs en termes de non-dépenses en santé publique: les gens vont moins chez le médecin, consomment moins de médicaments, vont moins à l’hôpital, se retrouvent moins aux urgences parce qu’ils sont en meilleur état de santé», a-t-il fait valoir.

La recherche a attiré l’attention de nombreuses institutions de sorte que la prochaine étape impliquera des groupes de contrôle et s’étendra à des musées et instituts de recherche dans 10 autres pays en Amérique, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient et en Océanie.

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