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Francophonie: Legault promet d'en parler à Ford

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz/La Presse canadienne
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — La classe politique québécoise n’a pas tardé à dénoncer de façon unanime, vendredi, l’abolition du Commissaire aux services en français de l’Ontario et l’abandon du projet d’université francophone.

Le gouvernement de Doug Ford a annoncé ces changements dans sa mise à jour économique jeudi, en affirmant avoir réduit son déficit de 500 millions $.

Si au Québec les députés d’opposition ont réagi fortement, avec véhémence, à la nouvelle, la réplique venant du gouvernement Legault, elle, a été plus timide.

«J’ai eu l’opportunité de discuter avec mon homologue ontarienne, la ministre Caroline Mulroney, de mes inquiétudes, a gazouillé la ministre québécoise responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne», Sonia LeBel, qui n’a pas hésité à rapporter les commentaires de celle-ci.

«Elle m’a fait part de son engagement envers la communauté franco-ontarienne et des défis budgétaires auxquels le gouvernement de l’Ontario fait face.

«Nous avons aussi abordé la question de faciliter l’accessibilité à la justice pour les Franco-Ontariens. Nous allons continuer à promouvoir et défendre les intérêts des francophones partout au Canada», a-t-elle ajouté.

La veille, à Boston, le premier ministre caquiste François Legault s’était engagé à aborder les compressions dans les services aux francophones avec M. Ford lundi, lors de leur toute première rencontre officielle.

«Ce sont des sujets dont je vais discuter avec M. Ford, parce qu’évidemment, je souhaite que l’on protège le français en Ontario autant que possible», a-t-il dit.

«M. Ford a fait une grave erreur»

Pour le Parti libéral du Québec (PLQ), le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS), l’affront de Doug Ford à l’égard des Franco-Ontariens est choquant et inadmissible.

Ferme, la députée libérale Kathleen Weil a insisté en entrevue sur l’obligation pour le Québec de jouer pleinement son rôle «historique», qui consiste à défendre et à promouvoir la francophonie canadienne.

«Ce que fait l’Ontario, (…) ça constitue un recul alors que tout le monde était en mouvement pour faire avancer la francophonie, a-t-elle déploré. Ça va à contre-sens de la volonté du Québec.»

Dans ce contexte, M. Legault devra non seulement entamer le dialogue avec M. Ford dès lundi, mais devra ensuite faire rapport de ce qu’ils ont convenu ensemble, croit le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé.

«Faire des relations entre les provinces, ce n’est pas seulement le commerce, c’est aussi sur des enjeux fondamentaux comme celui-là», a-t-il déclaré en entrevue à La Presse canadienne.

«M. Ford fait une grave erreur, tout comme le gouvernement Harris à l’époque a fait une grave erreur avec l’hôpital Montfort», a-t-il ajouté.

M. Bérubé a rappelé que le Québec sous Lucien Bouchard avait soutenu financièrement les Franco-Ontariens lors de la bataille qu’ils ont livrée pour préserver l’hôpital francophone Montfort.

Ulcérée, sa collègue Véronique Hivon parle d’un geste de Doug Ford «carrément choquant et complètement inadmissible, qui démontre du mépris à l’égard des Franco-Ontariens et qui nie leur réalité».

Selon elle, en coupant dans les services aux francophones, Queen’s Park réalise de maigres économies de 3 millions $ par rapport au déficit de 15 milliards $.

De son côté, le député Sol Zanetti, de Québec solidaire (QS), a réagi sur Twitter en disant que d’attaquer la francophonie n’était pas de l’histoire ancienne au Canada.

Il a poursuivi en affirmant que le Québec devait fonder un pays pour protéger le fait français en Amérique du Nord. «Solidarité avec nos frères et nos soeurs Franco-Ontariens», a-t-il conclu.

Jeudi, le gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario a sabordé l’Université de l’Ontario français par une simple phrase à la page 20 de sa mise à jour économique.

Le projet, recommandé par le Commissariat aux services en français, a fait l’objet d’une loi adoptée en décembre 2017 et devait accueillir ses premiers étudiants dès 2020.

La phrase en question se lit comme suit: «De plus, un examen plus détaillé de la situation financière de la province a amené le gouvernement à annuler les plans de création d’une nouvelle université de langue française.»

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario s’est également indignée, jeudi, de l’abolition du Commissariat aux services en français, qui va désormais oeuvrer au sein du bureau de l’ombudsman.

Au gouvernement fédéral, la ministre responsable du dossier des langues officielles, Mélanie Joly, a descendu en flammes les décisions annoncées jeudi par le gouvernement de l’Ontario.

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