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Un historien canadien poursuit un groupe polonais qui l’accuse de calomnier

Photo: Getty Images/Ingram Publishing

VARSOVIE, Pologne — Un historien canadien de renom a annoncé vendredi qu’il poursuivait une organisation polonaise pour diffamation relativement à une campagne orchestrée l’année dernière qui l’accusait de calomnier la réputation de la Pologne avec ses recherches sur la violence polonaise contre les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Jan Grabowski, un spécialiste de la Shoah et professeur à l’Université d’Ottawa, a révélé qu’il avait intenté une poursuite jeudi contre la Ligue polonaise contre la diffamation, une organisation alliée au parti conservateur au pouvoir en Pologne.

La ligue n’avait pas répondu à un courriel de l’Associated Press au moment d’écrire ces lignes. La semaine dernière, elle avait reproché à M. Grabowski d’ignorer les Polonais qui avaient sauvé les Juifs pendant la Shoah et d’avoir exagéré le nombre de Polonais ayant été complices de la mort de Juifs.

Dans son communiqué, le groupe a affirmé que «des individus aux pratiques infâmes pouvaient être trouvés parmi les Polonais et les Juifs», en raison de «circonstances démoralisantes et des gestes des Allemands».

Pourtant, écrivent-ils, il faut se souvenir que «l’objectif des Allemands était aussi d’éradiquer la nation polonaise et de détruire complètement la Pologne».

L’organisation adhère à une vaste campagne menée par le gouvernement dirigé par le parti Droit et justice, qui vise à remettre en question la participation des Polonais dans les meurtres de Juifs par l’Allemagne nazie. La Pologne était occupée par les Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale.

«Ce qui est important, de mon point de vue, est que les nationalistes militants qui dominent actuellement en Pologne soient avertis qu’ils seront tenus responsables de leurs actes et qu’ils ont tort s’ils pensent que leurs déclarations scandaleuses et leur diffamation passeront inaperçues», a déclaré M. Grabowski, qui est né à Varsovie et qui a fréquenté l’université de cette ville.

Le parti Droit et justice a notamment organisé des commémorations pour les Polonais qui avaient hébergé des Juifs pendant la guerre. Des experts qui ont étudié la violence polonaise contre les Juifs ont aussi été censurés et poursuivis.

Cet enjeu avait attiré l’attention de la communauté internationale plus tôt cette année lorsque les élus polonais ont voté pour rendre illégal le fait de blâmer le pays pour des crimes liés à la Shoah. La loi a récemment été modifiée pour exclure les sanctions les plus sévères, mais les contrevenants peuvent toujours être poursuivis et éventuellement payer une amende.

La mesure a causé un différend avec Israël et a été critiquée également par les États-Unis.

Dans son livre «Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland», M. Grabowski détaille l’implication des Polonais dans une région, où les habitants traquaient et tuaient des Juifs qui s’étaient échappé de leurs ghettos et qui tentaient de survivre parmi les autres habitants. Il a reçu le prix littéraire Yad Vashem pour la recherche sur l’Holocauste.

L’ouvrage avait provoqué des débats enflammés et l’auteur disait avoir reçu des menaces de mort après sa publication.

Après qu’un journal allemand eut écrit une bonne critique pour le livre, un site internet polonais avait réagi en partageant un article avec une photo du ministre nazi de la propagande, Joseph Goebbels. Le titre était: «Sieg Heil, Herr Grabowski, trois fois Sieg Heil». «Sieg Heil» est un salut nazi.

M. Grabowski avait poursuivi pour diffamation, et avait gagné sa cause.

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