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Le père de Julie Surprenant interpelle la CAQ

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le père de Julie Surprenant, une jeune fille disparue depuis près de 20 ans, espère avoir une oreille plus attentive à Québec pour que sa demande répétée de créer un registre public des prédateurs sexuels se réalise.

«On a nouveau gouvernement plus ouvert là-dessus, alors c’est le temps, justement, de pousser cette avenue-là pour faire en sorte que ça se réalise», a déclaré Michel Surprenant, dimanche, en conférence de presse.

«La disparition de Julie aurait pu être évitée, a-t-il soutenu. C’est ce qui me fâche le plus.»

Michel Surprenant rencontrait la presse en compagnie de son avocat, Marc Bellemare, et du cinéaste Stéphan Parent, qui réalisera un documentaire pour les vingt ans de la disparition de l’adolescente de 16 ans, survenue en novembre 1999.

M. Surprenant espère que le nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) donnera suite à sa promesse de faire un registre public des prédateurs sexuels. Selon lui, à l’image de ce que l’on retrouve aux États-Unis, les Québécois devraient pouvoir savoir si des délinquants sexuels habitent près de chez eux.

En ce moment, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) tient un registre des délinquants sexuels, mais seulement certains policiers ont accès aux informations.

Le bureau de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a assuré que la CAQ était résolue à rendre public un registre des délinquants sexuels dangereux «dans un premier mandat».

«Nous sommes déjà au travail en ce sens», a-t-on indiqué dans une déclaration écrite transmise à La Presse canadienne.

Pendant la campagne électorale, le chef caquiste et désormais premier ministre François Legault avait laissé entendre que ce registre n’était pas une priorité, même s’il disait ne pas avoir changé d’idée sur le sujet.

Selon l’avocat Marc Bellemare, il faut créer un registre public au Québec «au plus sacrant» afin de prioriser le droit des parents, plutôt que ceux des condamnés, insiste-t-il.

«Quand un individu est condamné au Palais de justice de Montréal à faire cinq ans de prison, on a sa face, on a son nom, on a ses origines, on a des articles de journaux, des topos à la télé, c’est partout, parce que la justice est publique», a-t-il expliqué.

«Le registre, ce n’est pas dans le but de faire connaître la condamnation, elle est déjà connue. Elle est dans le journal le lundi, mais le mercredi, on l’a oubliée. Le registre, c’est la mémoire, ce n’est pas l’information.»

Cette mesure ne fait toutefois pas l’unanimité. L’Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ) s’inquiète notamment des «risques de justice personnelle» que cela pourrait entraîner.

«Il est possible (et cela se fait actuellement) de détenir indéfiniment en prison une personne déclarée délinquant dangereux car justement sa remise en liberté constituerait un trop grand risque pour la sécurité de la communauté. Nous avons donc déjà un puissant outil légal pour protéger nos enfants et nos communautés à long terme», avait écrit en 2014 David Henry, coordonnateur aux programmes et aux communications de l’ASRSQ.

Nouvelles informations

Lors de la conférence de presse, le réalisateur Stéphan Parent a révélé certaines informations de sa propre enquête sur le dossier, qui, selon lui, justifieraient de nouvelles expertises dans l’appartement de Richard Bouillon, le suspect numéro un dans cette affaire qui est décédé en 2006.

Selon les nouvelles informations obtenues par M. Parent, Julie Surprenant aurait été kidnappée, séquestrée et agressée sexuellement pendant plusieurs jours avant d’être assassinée et enterrée quelque part.

M. Parent dit avoir identifié un site où pourrait se trouver le corps de Mme Suprenant.

Le cinéaste est certain à «95 pour cent» que Richard Bouillon, un voisin de la famille Surprenant, à Terrebonne, était impliqué dans l’enlèvement. Selon ses recherches, M. Bouillon aurait eu un complice.

En 2012, après une enquête, la coroner Catherine Rudel-Tessier avait conclu que Richard Bouillon était vraisemblablement lié au décès probable de la jeune fille.

Un lourd passé judiciaire

Richard Bouillon avait été reconnu coupable de plusieurs infractions de nature sexuelle depuis les années 1970, selon le rapport de la coroner.

Il avait été interrogé par les policiers à plusieurs reprises, mais n’a jamais été accusé dans cette affaire.

Selon les témoignages recueillis par la coroner, Bouillon aurait confessé sur son lit de mort à des infirmières qu’il avait violé et assassiné Julie Surprenant, avant de jeter son corps dans la rivière des Mille-Iles.

Les infirmières se coyaient tenues par le secret professionnel, donc n’ont rien dit à la police. L’une d’entre elles, Annick Prud’homme, s’était confiée au chroniqueur judiciaire Claude Poirier en 2011, ce qui avait amené la police à rouvrir l’enquête. Des recherches avaient été entreprises, mais en vain.

M. Surprenant reproche à la police d’avoir ignoré certains témoignages au fil du temps. «Il y a plusieurs personnes à travers cette enquête-là qui ont démontré qu’elles avaient de l’information à livrer et qui ont été ignorées», a-t-il soutenu.

Marc Bellemare s’en prend aussi aux gardiens de sécurité qui étaient dans la chambre de Bouillon et qui auraient dû entendre ses aveux, selon des témoins interrogés par la coroner.

«On n’a pas investigué Richard Bouillon de son vivant. Il a vécu six jours après (les confessions), donc il aurait pu spontanément être rencontré par les enquêteurs», a-t-il déploré.

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