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De chargés de cours à professeurs contractuels à l’ENAP

Les universités, comme le reste du secteur public, évoluent dans un univers parallèle ou la certitude financière est exigée, alors qu’elle n’existe presque pas ailleurs. Photo: Archives Métro

Les chargés de cours de l’École nationale d’administration publique (ENAP) peuvent crier victoire. Ils ont finalement obtenu un nouveau statut les désignant en tant que «professeurs contractuels chargés d’enseignement».

D’après l’Association des professeurs contractuels de l’ENAP, le statut de «chargés de cours» était en réalité fort «réducteur» auprès des étudiants, et ce, même si ceux-ci fournissaient «la majorité de l’enseignement», soit jusqu’à 60% des cours.

Les professeurs contractuels obtiennent aussi, dans leur nouvelle convention collective, un rattrapage salarial de 28%, rétroactif de plus de 4% à partir de 2016. Dans un communiqué, l’association accueille la nouvelle avec soulagement, soulignant que l’échelle salariale de ses membres n’avait pas été modifiée depuis plus de 10 ans, en 2007.

«Il s’agit d’une première étape importante vers une nouvelle culture, où les professeurs contractuels de l’ENAP seront désormais reconnus comme parties prenantes des mécanismes de participation et de cogestion de l’ENAP», a indiqué l’Association des professeurs contractuels à ce sujet.

Un nouveau fonds d’action «pédagogique» voit aussi le jour. Il autorisera les professeurs contractuels à créer de nouveaux cours adaptés à leurs étudiants. La nouvelle convention serre également la vis des formations en ligne et des activités à l’international, qui seront maintenant encadrées «par des normes d’attribution et de gestion claires», a insisté l’association.

Autre fait marquant: les étudiants au doctorat dispenseront dorénavant des cours, sans supervision. Au Québec, un peu moins du quart des chargés de cours sont titulaires d’un doctorat.

Il s’agit de la toute première convention collective pour les professeurs contractuels à l’ENAP, qui possède des campus un peu partout dans la province, notamment à Montréal, Québec, Gatineau et Saguenay.

C’est le Tribunal du travail qui a eu le dernier mot dans ce dossier, en approuvant la nouvelle appellation des professeurs contractuels.

Précarité des chargés de cours
Au Québec, les compressions en enseignement supérieur ont eu de sévères impacts sur les chargés de cours, qui dénoncent l’isolement et la précarité dont ils sont victimes depuis.

  • Un sondage réalisé au début septembre par l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU), auprès de 2600 chargés de cours, révèle que 42% des répondants estiment que leur emploi «a eu des répercussions sur leur santé mentale».
  • Près de la moitié des chargés de cours sondés disent devoir compenser avec un autre emploi, devant une précarité salariale inévitable.
  • De 2005 à 2015, selon le rapport, le pourcentage de professeurs à temps partiel a augmenté de 79%, pendant que les postes à temps plein ont chuté de 10%. Mais les conditions n’ont pas changé, plaident les chargés de cours.
  • Quelque 70% des répondants soutiennent avoir été embauchés «pour donner des cours à la pièce» dans chaque institution d’enseignement, ajoute l’association nationale.
  • On compte plus de 10 000 chargés de cours à l’échelle du Québec.

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