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La Stratégie navale s'achemine vers un désastre

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — La Stratégie de construction navale du gouvernement fédéral, un projet de plusieurs dizaines de milliards de dollars, s’achemine vers un «désastre».

C’est le constat du chantier naval Davie à Lévis, le plus grand chantier au Canada, qui a prédit vendredi des dépassements de coûts et d’échéanciers.

La Davie exige depuis des années d’être incluse dans la Stratégie navale fédérale, mais seules ses deux rivales, Irving Shipyards, d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, et Seaspan Victoria Shipyards, à Victoria, en Colombie-Britannique, en font partie.

Les contrats pleuvent sur ces deux chantiers qui sont débordés, alors que la Davie emploie seulement 200 travailleurs sur les 1400 qu’elle a déjà eu en effectifs il y a quelques années à peine.

Au cours d’une conférence de presse sur le quai de la Davie marquant la livraison d’un nouveau brise-glace à la Garde côtière, le président de l’entreprise, James Davies, a rappelé que la Davie obtient seulement 2 pour cent de la valeur des contrats navals actuellement.

En point de presse, le vice-président aux affaires publiques de Davie, Frédérik Boisvert, a fait valoir que son chantier représente pourtant 50 pour cent du potentiel de construction navale du Canada.

Ses concurrents ne peuvent travailler que sur un navire à la fois, a poursuivi M. Boisvert. À ce rythme, la «Stratégie navale pourrait bien tourner au désastre», a-t-il conclu.

La Davie peut en prendre six simultanément et peut travailler sur «200 tonnes d’acier par semaine», a évoqué le dirigeant.

De son côté le gouvernement fédéral s’est bien gardé de s’avancer davantage. En point de presse, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos s’est contenté de blâmer le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper qui avait décidé d’exclure la Davie de la Stratégie de construction navale.

Il n’a pas indiqué clairement toutefois qu’il allait corriger cette omission à court terme.

Davie comptait sur un contrat pour un nouveau navire ravitailleur de la marine, l’Obélix, mais la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Carla Qualtrough, a plutôt répondu en point de presse que la Défense lui avait signifié qu’elle n’en avait pas besoin.

La Davie ne perd pas espoir néanmoins. Elle avait réalisé le contrat de conversion du navire ravitailleur Astérix, qui sert en mer 300 jours par année, dit l’entreprise. Donc la marine aura besoin plus tôt que tard d’un autre navire, d’autant plus qu’elle doit patrouiller sur deux océans, plaide-t-on chez Davie.

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