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Des militaires ont oblitéré le nom de Mark Norman

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne

OTTAWA — Un militaire canadien a témoigné mardi que son commandant semblait très fier de confier, l’an dernier, que des officiers avaient soigneusement évité d’utiliser le nom du vice-amiral Mark Norman dans leur correspondance interne, afin qu’il soit plus difficile à retracer dans les archives.

Le militaire, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a relaté cette conversation, mardi, alors que les avocats du vice-amiral Norman accusaient à nouveau le gouvernement d’avoir joué à des petits jeux politiques avec leur client.

M. Norman a été suspendu de son poste de commandant de la Marine, et de numéro deux des armées, en janvier 2017. Il est accusé d’abus de confiance pour avoir divulgué, selon la poursuite, des secrets du cabinet fédéral à des dirigeants du chantier maritime Davie, de Lévis, dans le but de sauver un contrat de construction navale de 700M$ menacé par les libéraux nouvellement élus. Les allégations n’ont pas été étudiées par un tribunal.

Le témoin de mardi, qui est toujours dans l’armée, a déclaré que la conversation avait eu lieu en juillet 2017, lorsqu’il est allé consulter son supérieur pour une demande d’accès à l’information concernant des documents internes relatifs à M. Norman. La demande visait spécifiquement des courriels, des rapports, des notes de service, des textos et d’autres documents couvrant une période de deux semaines environ après la suspension du vice-amiral.

Le témoin, qui soutient ne pas connaître personnellement M. Norman, a décidé de se manifester «parce que cela semblait être la bonne chose à faire». Il a déclaré mardi que son supérieur, en souriant, lui avait dit de répondre à la demande d’accès en indiquant qu’il n’y avait aucun document répondant à ce nom.

«Il m’a dit (…) en semblant très fier de son coup: « Ne vous inquiétez pas, on en a vu d’autres. Nous nous sommes assurés de ne jamais utiliser son nom »», a raconté le témoin.

La juge Heather Perkins-McVey a qualifié de «très troublant» le témoignage du militaire, qui n’a pas fait l’objet d’un contre-interrogatoire.

Les avocats de M. Norman se battent depuis cinq jours pour avoir accès à de nombreux documents du gouvernement qui, selon eux, exonéreraient leur client. L’avocate de la défense, Marie Henein, a de nouveau accusé le gouvernement d’avoir tenté d’empêcher — ou du moins de retarder — la production de milliers de documents gouvernementaux qui, selon elle, sont nécessaires pour démontrer l’innocence de M. Norman.

Les avocats du vice-amiral ont révélé devant le tribunal un courriel que l’ex-premier ministre Stephen Harper a envoyé au greffier du Conseil privé mardi matin confirmant qu’il ne bloquerait pas la divulgation de documents jugés pertinents par le tribunal dans cette affaire. Me Henein a soutenu qu’il aurait dû être de la responsabilité de la Couronne d’obtenir ce courriel — preuve supplémentaire, selon elle, de l’inertie, voire de l’obstruction fédérale.

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