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Appui de libéraux aux propos de Trudeau

OTTAWA – Les commentaires de Justin Trudeau sur le registre des armes d’épaule ne suscitent pas autant de vagues au sein du caucus libéral qu’ils en provoquent dans la population.

De nombreux députés du Parti libéral du Canada (PLC) ont indiqué lundi adhérer, à des degrés divers, aux propos du candidat vedette de la course au leadership. Il s’agit d’un revirement notable pour un parti qui a défendu bec et ongles pendant des années un système dont il était l’instigateur.

Vendredi, en Ontario, le député de Papineau avait affirmé que le registre des armes à feu constituait un «échec» et qu’il n’avait pas l’intention de le ressusciter. Il avait aussi soutenu que la possession d’armes représentait une facette importante de l’identité canadienne.

Pourtant, pas plus tard qu’en février dernier, tous les députés libéraux avaient voté, sans exception, contre la loi C-19 prévoyant la destruction du registre.

Lundi, parmi les élus libéraux qui se sont arrêtés devant les micros des journalistes, très peu ont jeté le blâme sur M. Trudeau.

L’autre candidat québécois dans la course à la chefferie, Marc Garneau, a insisté sur le fait qu’il n’aurait pas personnellement utilisé le mot «échec» pour décrire le registre, mais qu’il était temps de passer à autre chose.

«Je n’aurais pas caractérisé l’enjeu des armes à feu de la façon qu’il l’a fait (…) Ce que je vais dire, c’est que le registre des armes à feu avait des côtés très positifs, mais avait aussi des côtés négatifs», a-t-il noté.

Joyce Murray, une autre de ses rivales dans la course, a confié être elle-même d’avis que le gouvernement libéral, à l’époque où il avait mis sur pied le registre, n’avait pas suffisamment consulté les Canadiens.

«Ça a coûté trop (cher), c’était un peu trop compliqué et ce n’était pas bien appuyé, bien supporté des Canadiens, surtout des régions (rurales)», a-t-elle soutenu.

Si elle était élue à la tête du PLC, Mme Murray ne s’engagerait pas nécessairement à restaurer le registre, mais à «trouver un autre moyen» pour assurer la sécurité des femmes et des policiers.

La majorité du caucus libéral a soutenu qu’il était «peu réaliste» qu’un nouveau registre puisse voir le jour.

«Il faudra repenser une politique, travailler tous ensemble, avoir quelque chose qui satisfasse tout le monde: Canada rural, Canada urbain, c’est ce que Justin veut faire et ce que les autres candidats feront aussi», a lancé pour sa part Stéphane Dion.

Les élus issus de circonscriptions plus rurales se sont faits plus mordants. Le député manitobain Kevin Lamoureux est allé jusqu’à affirmer qu’une promesse de créer un nouveau registre aurait pour effet de «détruire» le PLC ou n’importe quel parti qui s’aventurerait sur ce terrain.

Selon le député Mark Eyking, de la Nouvelle-Écosse, M. Trudeau a simplement dit la vérité au sujet du registre. «Je pense qu’il a été honnête, que ça ne reflétait pas vraiment le Canada rural», a-t-il noté.

Une voix s’est faite discordante, toutefois: celle de l’ancien ministre libéral Martin Cauchon, qui n’exclut pas de se lancer à son tour dans la course au leadership. À ses yeux, le registre fait partie des valeurs du PLC — au même titre que la Charte des droits et libertés, ou le bilinguisme officiel —, qui ne doivent pas être reniées dans la reconstruction du parti.

«J’espère que le point départ pour notre parti sera de respecter les valeurs et principes clés, et pour moi, le registre en est un important», a-t-il soutenu en entrevue à La Presse Canadienne.

Précisions de M. Trudeau

En campagne à Saint-Jean-sur-le-Richelieu, lundi, Justin Trudeau a dû expliquer pourquoi il avait qualifié d’échec le registre, trois jours plus tôt.

«Pour moi, c’était un outil important, mais la définition d’une politique publique qui était un échec, c’est qu’il n’existe plus, le registre des armes à feu, à cause des divisions que cela a suscitées au Canada», a-t-il souligné.

Malgré tout, si le vote sur l’abrogation du registre était à refaire, il voterait contre, comme la dernière fois. Il est également d’avis que Québec a raison d’aller devant les tribunaux pour empêcher la destruction des données québécoises afin de mettre sur pied sa propre base de données.

«Je trouve que c’est une très bonne idée, parce qu’au Québec, ça n’a pas été du tout aussi divisif (sic) que ça a été ailleurs au pays. Peut-être qu’une des pistes de solution, c’est justement de permettre aux provinces d’établir différentes solutions», a-t-il soutenu.

Pour la porte-parole néo-démocrate en matière de justice, Françoise Boivin, le candidat à la chefferie libérale adapte son discours en fonction de son auditoire.

«C’est certain qu’il va essayer de récupérer, parce que ce n’est pas très populaire (au Québec), presqu’à la veille de la commémoration des événements du 6 décembre (à l’École Polytechnique), et après tout le combat qu’on a fait et que le Québec continue de faire», a-t-elle fait valoir.

Son chef Thomas Mulcair avait rappelé plus tôt qu’il demeurait en faveur de l’enregistrement des armes à feu, mais pas nécessairement d’un registre dans la forme qu’il avait avant sa destruction.

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