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Une tortue dans son salon, une bonne idée?

Tortue à oreilles rouges Photo: Anaïs Boutin, parc de la Rivière-des-Mille-Îles/Collaboration spéciale
Jacques Dancosse - Biodôme de Montréal

Elle est si mignonne dans son aquarium. Petite, on pense qu’elle le restera. Jadis, elle était vendue avec un petit bac en plastique décoré d’un palmier, et nourrie d’un mélange d’insectes séchés. Son espérance de vie était habituellement courte.

Aujourd’hui, les conditions de captivité de la tortue à oreilles rouges se sont améliorées. Il n’est pas rare de voir des individus de bonne taille survivre dans un aquarium devenant trop vite exigu. On cherche alors à vendre le reptile, puis à le donner. On pense même à libérer la tortue dans la nature… Erreur! Ce n’est pas une espèce indigène. Elle supporte mal l’hiver et elle entre en compétition directe avec nos espèces québécoises déjà menacées.

Acheter une tortue n’est pas un geste banal. C’est un reptile qui demande des soins très particuliers (nourriture, éclairage et température) si on désire la conserver en santé et assurer sa croissance normale. Non, les petites tortues généralement retrouvées en animalerie ne sont pas naines ou miniatures. De plus, il faut se doter d’un équipement souvent onéreux.

Comme tout reptile, elle peut être porteuse de bactéries nocives dont la salmonelle, qui causent bien des maux surtout chez les jeunes enfants. Notons qu’une tortue n’aime pas être prise et cajolée. Généralement, son taux de stress augmente. Il faut éviter de la manipuler. Si on doit le faire, il faut bien se laver les mains après.

Menace pour nos tortues indigènes
Quand on achète une tortue, il faut s’assurer qu’il s’agit d’une espèce exotique commune et élevée en captivité, sinon on accroît la pression sur les populations mondiales de tortues qui sont de plus en plus menacées. En effet, elles le sont à cause de plusieurs facteurs, dont la disparition et la dégradation de leurs habitats, la récolte excessive pour le commerce des animaux de compagnie ou pour l’alimentation humaine.

Dans de nombreux pays asiatiques, surtout en Chine, la consommation de tortues est très prisée. Certaines espèces ont même la réputation mythique de traiter le cancer. Les tortues chinoises étant devenues rares, on importe maintenant plusieurs milliers de spécimens des pays avoisinants, ce qui menace les populations locales de tortues de ces régions.

Au Québec, nous avons la chance de pouvoir observer en nature de nombreuses espèces de tortues. Les plus faciles à voir sont la tortue peinte et la tortue géographique, deux tortues aquatiques qui fréquentent cependant des milieux différents.

La tortue peinte se plait dans les étangs, marais et lacs, tandis que la tortue géographique apprécie davantage les grands plans d’eau et les rivières. Les deux aiment et doivent se chauffer au soleil pour augmenter leur température corporelle et ainsi se mouvoir et digérer leur nourriture.

Mais n’oublions pas qu’aucune espèce de tortues indigènes du Québec ne peut être gardée en captivité.

Jacques Dancosse
Vétérinaire et conseiller scientifique au Biodôme de Montréal
espacepourlavie.ca

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