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Des survivants de la rafle des années 1960 demandent des actions concrètes

Liam Richards / La Presse Canadienne Photo: Liam Richards/La Presse canadienne

REGINA — Les survivants de la rafle des années 1960 en Saskatchewan espèrent que les excuses du gouvernement provincial seront accompagnées de mesures concrètes pour réduire le nombre d’enfants vivant hors de leur foyer familial.

Le premier ministre Scott Moe transmettra ses excuses lundi matin à l’Assemblée législative de la province.

Environ 20 000 enfants autochtones ont été retirés de leurs familles biologiques pour être transférés dans des milieux non autochtones à partir des années 1950, jusqu’à la fin des années 1980.

En plus d’être séparés de leurs familles, ils ont perdu leur langue et leur culture.

L’Alberta et le Manitoba ont déjà présenté des excuses relativement à leur rôle dans la rafle.

La survivante Kerry Opoonechaw-Bellegarde, maintenant âgée de 43 ans, estime que la Saskatchewan devrait présenter plus que des excuses.

«Des excuses sont vraiment faciles à faire, mais pour qu’elles aient un sens, (la province doit) nous prouver qu’il se passe quelque chose en coulisses», a-t-elle plaidé.

Mme Opoonechaw-Bellegarde, qui est originaire de Regina, prévoit assister en personne aux excuses du premier ministre et espère parler à M. Moe pour lui demander de revoir le système de placement familial dans la province.

En date de fin septembre, 5227 enfants avaient été retirés de leur famille biologique.

«Trop de bébés grandissent sans leur père et leur mère», a-t-elle soutenu.

Un autre survivant, George Scheelhaase se demande comment le gouvernement peut s’excuser lorsque selon lui un nombre record de parents autochtones perdent leurs enfants, qui sont confiés aux familles d’accueil ou aux services à l’enfance et à la famille.

«C’est la même chose qui se passe depuis qu’ils ont commencé à nous emmener. Rien n’a changé, a déploré l’homme de 49 ans. Qu’est-ce qu’une excuse quand il n’y a pas de changement?»

Des responsables du gouvernement ont refusé les demandes d’entrevue.

Aucune indemnité du gouvernement
Le gouvernement dit avoir conclu un accord avec une association de survivants de la rafle des années 1960, qui prévoit que les excuses ne seront pas accompagnées d’une indemnisation.

L’année dernière, un tribunal fédéral a approuvé une entente de 750M$, selon laquelle Ottawa paierait aux survivants jusqu’à 50 000 dollars chacun. Des plaignants ont tenté de contester le règlement, mais sans succès.

La survivante, Christina Nakonechny, a fait valoir qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une question d’argent. Selon elle, il s’agit de bien faire les choses.

«L’argent n’enlève pas tout ce qui s’est passé, a-t-elle déclaré. Je sens que j’ai été effacée. Mes petits-enfants ne connaissent aucun de leurs oncles ou tantes.»

Des cercles de partage ont eu lieu en Saskatchewan en octobre et novembre pour que les survivants puissent parler de leurs expériences. Les représentants du gouvernement y ont assisté.

Mme Opoonechaw-Bellegarde a participé à l’une de ces séances, qu’elle a décrite comme une expérience intense, puisqu’elle a forcé certains survivants à ouvrir leurs plaies. Elle s’attend à beaucoup de larmes lorsque le premier ministre livrera ses excuses.

Vers la réconciliation
Robert Doucette, survivant et coprésident d’une association de survivants de la rafle des années 1960, estime que les cercles de partage ont été utiles. Un rapport de l’association a été présenté au caucus du gouvernement le 3 décembre et M. Doucette croit que le message a été entendu.

Lui aussi espère que les excuses soient accompagnées de mesures concrètes et suggère qu’il s’agit là des premières étapes d’une réconciliation.

«Je voulais entendre le gouvernement s’excuser pour ce qu’il a fait», a-t-il déclaré.

Mme Opoonechaw-Bellegarde, dont les parents étaient des survivants des pensionnats autochtones, espère que le premier ministre aura des excuses pour les parents aussi.

«Ce sont leurs enfants qu’ils ont perdus pour aucune raison. Je suis certaine qu’ils ont souffert immensément», a-t-elle affirmé.

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