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Un discours de Justin Trudeau retardé par des manifestants à Ottawa

Adrian Wyld / La Presse Canadienne Photo: Adrian Wyld/La Presse canadienne

OTTAWA — Des dizaines de manifestants ont retardé, mardi après-midi, un discours que devait donner le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa. Ils protestaient contre l’arrestation lundi, en Colombie-Britannique, de 14 Autochtones opposés à la construction d’un pipeline.

Après 90 minutes d’attente et un changement d’adresse, M. Trudeau a livré le discours prévu sans rien y ajouter à propos de l’incident. Et pourtant, il participait au Forum du Canada et des Premières Nations autogouvernantes et signataires de traités, rencontre annuelle entre le premier ministre, certains de ses ministres et des leaders autochtones.

«Aucune relation n’est plus importante pour notre gouvernement que celle que nous entretenons avec les peuples autochtones», a déclaré le premier ministre, rappelant l’importance qu’il accorde à cette rencontre annuelle.

Mais il n’avait rien à dire aux manifestants qui dénonçaient l’intervention de la Gendarmerie royale du Canada en Colombie-Britannique de manière très bruyante, plus tôt dans la journée. Il ne voulait pas non plus s’adresser aux médias après le forum.

Son bureau a plutôt fait suivre, par courriel, une déclaration pour expliquer son silence: «Nous respectons le droit de manifester pacifiquement. Il s’agit d’une occasion importante pour le premier ministre de rencontrer les Premières Nations autogouvernantes et signataires de traités modernes, et il est impatient de participer à cette discussion aujourd’hui.»

Dans les quelques échanges du forum faits devant les caméras, il y a eu aussi des reproches faits à Justin Trudeau, mais sur un ton plus poli, comme celui exprimé par la présidente de la nation Nisga’a, Eva Clayton.

«C’est malheureux qu’en date d’aujourd’hui, nous n’avons pas encore reçu de réponse» à une lettre envoyée en décembre 2017, au lendemain de la première réunion du genre, a noté Mme Clayton.

Des manifestations aussi en Colombie-Britannique

Des manifestants se faisaient aussi entendre en Colombie-Britannique, mardi, dénonçant l’intervention policière.

La GRC soutient qu’elle n’a fait qu’appliquer l’injonction de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, qui interdisait toute interférence avec la construction du gazoduc Coastal GasLink autour du pont de la rivière Morice. La police fédérale a assuré qu’elle ne tentait pas de favoriser une partie ou une autre dans ce conflit lorsqu’elle a arrêté les 14 personnes qui bloquaient un chemin forestier.

Le porte-parole néo-démocrate en matière de réconciliation, Romeo Saganash, a estimé mardi que les motifs invoqués par la GRC pour justifier son intervention étaient «plutôt boiteux» en cette ère de réconciliation.

Le gazoduc de 6,2 milliards $ de Coastal GasLink Pipeline, filiale de TransCanada, doit transporter, sur une distance de 670 kilomètres, du gaz naturel liquéfié de la région de Dawson Creek, près de la frontière albertaine, jusqu’au port en eaux profondes de Kitimat, près du Pacifique. Des membres de la Première Nation Wet’suwet’en ont établi un campement de fortune et un poste de contrôle au sud-ouest de Houston, sur un chemin forestier menant à un site de construction du pipeline, un projet évalué à 40 milliards $.

Coastal GasLink déclare avoir conclu des accords avec toutes les Premières Nations le long du tracé du gazoduc, mais les manifestants ont indiqué que les chefs de Wet’suwet’en, héréditaires plutôt qu’élus, n’avaient pas donné leur consentement au projet.

Le député Saganash soutient qu’avant les arrestations de lundi, il avait demandé aux ministres des Affaires autochtones provincial et fédéral d’intervenir pour atténuer les tensions, mais qu’il n’avait pas obtenu de réponse de leur part.

Des dizaines de manifestations sont prévues en Colombie-Britannique, ailleurs au Canada et jusqu’en Europe pour soutenir les manifestants arrêtés lundi.

En octobre dernier, la société LNG Canada, filiale d’un consortium international, a annoncé qu’elle allait de l’avant avec son projet de construction d’un pipeline et d’un terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié à Kitimat. La construction du pipeline reliant les producteurs de gaz de la région de Dawson Creek à l’usine d’exportation de Kitimat devrait commencer ce mois-ci.

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