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La FTQ veut profiter de l’ouverture de la CAQ en 2019

Photo: Pablo Ortiz/Métro

Fin des politiques d’austérité, hausse du salaire minimum à 15$ l’heure, création d’un régime universel d’assurance médicaments et lutte féroce aux changements climatiques: la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a un agenda bien rempli pour 2019. L’organisation entend y arriver en ouvrant un «vrai dialogue social» avec le gouvernement Legault, qui se montre «assez ouvert» jusqu’ici.

«On est encore dans une période de lune de miel [avec le gouvernement]. On pensait qu’on allait partir en bataille, mais jusqu’ici, on a une bonne réception. Le gouvernement veut nous parler», a assuré dimanche le président du syndicat national, Daniel Boyer. On souhaite que le Québec investisse enfin de façon massive dans les services publics.»

La FTQ compte notamment profiter de ce contexte facilitant pour presser Québec d’augmenter le salaire minimum à 15$ l’heure. «On constate année après année notre retard dans la rémunération des employés. Si on veut plus de dignité, de meilleures conditions, ça prend une hausse de salaire», a poursuivi M. Boyer.

En plus de plancher sur une modernisation du régime de santé et de sécurité au travail, l’organe syndical militera simultanément cette année pour la mise sur pied d’une politique universelle d’assurance médicaments.

Le Canada fait effectivement piètre figure dans le monde à ce niveau. Il est l’un des seuls pays de l’OCDE qui ne possède pas de régime d’assurance-médicaments.

L’environnement, dès maintenant
Il faut se rendre compte que la population est «bien en avant» de nos gouvernements lorsqu’on parle de changements climatiques, pour le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux. «C’est une véritable révolution. La CAQ vient d’en saisir toute la teneur en changeant sa ministre [MarieChantal Chassé]. Il n’y a plus un élu qui peut écarter ce dossier-là.»

Il estime que tous les pans de l’économie seront affectés, et qu’il faut impliquer les travailleurs pour trouver des solutions. «On ne produira plus de la même façon, et la façon dont on consomme changera si on veut atteindre les cibles de réduction des GES, a-t-il dit. Nécessairement, les travailleurs affectés doivent être consultés dans le processus.»

Le problème avec la CAQ, d’après Serge Cadieux, «est qu’il manque un chef à bord».

«Il n’y avait rien dans le programme du parti sur l’environnement lors de son élection. Heureusement, on voit qu’il s’adapte, mais ça prend une gouvernance où le premier ministre s’implique directement.» – Serge Cadieux

Idem au fédéral d’ailleurs, croit le secrétaire général, pour qui «le plus gros reproche qu’on peut faire au gouvernement Trudeau, c’est d’avoir tenu un discours environnementaliste avant d’acheter un gros pipeline», a-t-il renchéri. La FTQ plaide que le Québec «a ce qu’il faut» pour donner un coup d’accélérateur sur la transition énergétique. «On a l’avantage de l’hydroélectricité, et on a le savoir de la recherche», a considéré M. Cadieux.

Les «gilets jaunes» vus par la FTQ
Le mouvement des gilets jaunes, en France, «est un ramassis de plusieurs revendications» qui illustre surtout une montée des inégalités partout dans le monde, selon Daniel Boyer. «Ces gens-là ont été laissés pour compte et ils se révoltent. Il faut être solidaire avec ces mouvements-là, parce qu’on a aussi encore beaucoup à faire au Québec.» Malgré tout, reconnaît-il, le phénomène n’a que «très peu de résonance» dans le mouvement syndical, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique.

Serge Cadieux a dit lui aussi «comprendre la frustration» des manifestants. «Ils ont l’impression que les plus riches sont épargnés par ces inégalités, et c’est vrai. Ça prend une égalité fiscale», a-t-il imploré.

Il ne serait pas étonnant, selon lui, que le phénomène fasse du chemin sur la planète. «Il faut bien saisir l’origine de leurs revendications. Quand le système fiscal est déséquilibré dans une société industrialisée, ça créé beaucoup de tensions. Et tout le monde doit payer sa juste part.»

La FTQ dit par ailleurs «s’inquiéter» de l’augmentation de travailleurs étrangers temporaires qu’entraînera la diminution des seuils d’immigration de la CAQ, sur le plan des droits syndicaux notamment.

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