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Chine: Justin Trudeau fait le plein d'alliés

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Justin Trudeau tente d’obtenir le maximum d’appuis à l’international dans le conflit diplomatique qui oppose le Canada à la Chine sur les détenus canadiens, y compris la condamnation à mort d’un présumé trafiquant de drogue de la Colombie-Britannique.

Selon le cabinet du premier ministre, M. Trudeau s’est entretenu lundi avec les leaders argentin et néo-zélandaise, dans le cadre des efforts que déploie actuellement le Canada pour faire le plein d’appuis dans les capitales. Le Canada a maintenant reçu l’appui d’autres alliés, notamment les États-Unis, l’Union européenne, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Australie, dans ses efforts pour obtenir la libération de deux Canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, arrêtés en décembre.

Un tribunal chinois a imposé la peine de mort à Robert Lloyd Schellenberg dans une affaire de trafic de drogue. Le procès avait été organisé à la hâte, sur fond de refroidissement entre les deux pays après l’arrestation, le 1er décembre, de la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, en vertu d’un mandat d’amener américain pour fraude.

Cet appel aux appuis internationaux a provoqué l’ire de Pékin, notamment dans une attaque cinglante de l’ambassadeur chinois à Ottawa, qui y a vu de «l’égoïsme occidental» et de «la suprématie blanche».

M. Trudeau a ensuite dénoncé lundi la décision de Pékin de condamner à mort «arbitrairement» le Canadien Schellenberg. «C’est très inquiétant que la Chine commence à agir de façon arbitraire pour appliquer la peine de mort, surtout sur un Canadien. C’est quelque chose qui nous préoccupe énormément et que nous allons continuer de souligner avec nos alliés et évidemment avec la Chine», a-t-il dit à Ottawa.

La Chine a exprimé mardi sa «grande insatisfaction» face à ces propos. Lors de sa conférence de presse quotidienne, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a estimé que M. Trudeau devrait «respecter la primauté du droit (et) la souveraineté judiciaire de la Chine, corriger ses erreurs et mettre un terme à ses remarques irresponsables».

Les voyageurs chinois prévenus

En conférence de presse à Saint-Hyacinthe, en marge d’une annonce économique, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a déclaré que la Canada avait formellement demandé la clémence.

«Notre gouvernement et presque tous les Canadiens pensent que c’est inhumain, immoral. Dans tous les cas où il y a une possibilité que la peine de mort soit utilisée contre des Canadiens notre gouvernement s’élève contre ça», a-t-elle commenté.

Robert Lloyd Schellenberg avait été arrêté en 2014, puis condamné à 15 ans de prison en 2016 pour trafic de drogue. Un tribunal d’appel s’est toutefois rallié soudainement le mois dernier aux procureurs qui estimaient que la peine était trop clémente. Le procès de lundi a été organisé à seulement quatre jours d’avis.

Le tribunal du Liaoning a rejeté le plaidoyer d’innocence du Canadien. Il n’a donné aucun signe que la peine puisse être commuée et le sort de M. Schellenberg pourrait se retrouver lié à la querelle diplomatique qui oppose le Canada et la Chine. La presse chinoise a commencé à évoquer sa cause peu de temps après l’arrestation de Meng Wanzhou.

La ministre Chrystia Freeland a tenu à mettre en lumière le drame humain derrière cette soudaine peine capitale. «J’ai parlé avec (le père de M. Schellenberg) hier, c’est une situation très grave, très difficile pour la famille. Je veux partager ma sympathie et je pense que la famille a la sympathie de tous les Canadiens», a-t-elle dit.

Le Canada avait par ailleurs mis à jour son avis aux voyageurs canadiens pour la Chine. L’avis leur demande maintenant de «faire preuve d’une grande prudence en raison du risque d’application arbitraire des lois locales», en évoquant la peine de mort et les «peines pour infractions liées aux drogues». Mme Hua a balayé ces avertissements du revers de la main, en disant que les 222 kilos de métamphétamines que M. Schellenberg aurait transportés méritaient la peine la plus sévère.

La Chine a toutefois elle aussi appelé ses ressortissants à la prudence au Canada. Un avis publié mardi rappelle qu’un citoyen chinois a récemment été «détenu arbitrairement» à la demande des États-Unis — une référence évidente à Meng Wanzhou. Pékin demande à ses ressortissants «d’évaluer pleinement les risques associés à un voyage au Canada à des fins touristiques».

Les organisations de défense des droits de la personne ont estimé mardi que la réaction du ministère chinois des Affaires étrangères soulevait de sérieuses questions sur une éventuelle ingérence du politique dans le système judiciaire en Chine. Les médias chinois ont commencé à faire connaître le cas du Canadien Schellenberg après que le Canada eut arrêté Mme Meng.

La tante de M. Schellenberg, Lauri Nelson-Jones, a déclaré que la famille attendait des nouvelles concernant un appel éventuel de la peine. Zhang Dongshuo, l’avocat du Canadien, a déclaré que son client avait 10 jours pour contester la dernière peine.

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