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«L'Initié», témoin au procès des cigarettiers

Rédaction - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Un témoin-vedette dans le recours collectif intenté au Québec contre les trois grands cigarettiers a fait valoir lundi que l’industrie du tabac travaillait à étouffer le fait que fumer était nocif pour la santé.

Jeffrey Wigand était cadre à la compagnie de tabac Brown & Williamson avant de se faire dénonciateur des pratiques de l’industrie. Son histoire a inspiré en 1999 le film «L’Initié» («The Insider»), mettant en vedette Russell Crowe.

Il a soutenu lundi que les employés qui travaillaient en recherche et développement dans cette entreprise étaient bien au courant des effets de la cigarette, même si l’industrie se faisait rassurante auprès du public.

M. Wigand a été embauché en 1989 pour développer ce qu’il a décrit comme une cigarette moins nocive, une preuve selon lui que la compagnie comprenait le danger lié à ses produits.

Mais du même souffle, l’industrie du tabac s’affairait à discréditer et à obscurcir les conclusions de chercheurs en santé publique sur la fumée de cigarette.

L’industrie tentait d’envoyer le message que la cigarette ne créait pas la dépendance et qu’elle ne nuisait pas à la santé des fumeurs, a fait valoir M. Wigand en cour. Mais, a-t-il expliqué, les compagnies étaient tout à fait conscientes que «la cigarette tue des innocents et les rends dépendants».

M. Wigand témoigne pour les plaignants dans une importante poursuite de 27 milliards $ au nom de 1,8 million de Québécois contre les cigarettiers Imperial Tobacco Canada, JTI-Macdonald et Rothmans, Benson & Hedges.

Le témoin est connu comme étant l’un des premiers et seuls cadres de l’industrie de la cigarette à avoir dénoncé les pratiques du secteur.

Il était vice-président de la recherche et du développement chez Brown & Williamson de 1989 à 1993. Il a été congédié après avoir divulgué que plusieurs cadres hauts placés dans l’entreprise étaient au courant que des additifs dans les cigarettes pouvaient causer le cancer.

M. Wigand a été consulté par plusieurs gouvernements pour la mise en place de politiques de contrôle du tabagisme, dont au Canada en 1999.

Plusieurs témoins ont déjà comparu devant la Cour supérieure du Québec depuis le début du procès, en mars, dont plusieurs cadres, actuels ou anciens, de l’industrie du tabac. La cause a maintenant dépassé le cap des 80 jours de témoignages. Des milliers de pages de documents ont été déposés en preuve.

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