Soutenez

Les gratte-ciels en bois prennent racine au Canada

JONATHAN HAYWARD / La Presse Canadienne Photo: Jonathan Hayward/La Presse canadienne

TORONTO — Il y a six ans, l’architecte Michael Green a pris la parole lors d’une conférence TED et a appelé à une ère mondiale de gratte-ciels à ossature de bois.

Certains participants étaient sceptiques.

«Les gens pensaient vraiment que j’étais un idiot, a dit M. Green récemment en entrevue. J’avais constamment des commentaires de mes pairs disant « ce type ne sait pas de quoi il parle, cela n’arrivera jamais, le secteur de la construction ne change pas ». Et regardez aujourd’hui, il y a eu quantité majeure de changements.»

Presque inexistants il y a une décennie, les grands bâtiments en bois ont défié les sceptiques et se répandent dans les villes canadiennes. L’industrie du bois y voit une occasion, les concepteurs embrassent de nouvelles façons de faire et un élan est donné du fait de l’urgence climatique pour réduire la lourde empreinte carbone de l’acier et du béton dans la construction.

«Pour moi, tout revient à l’histoire du carbone. Tout revient à choisir des énergies renouvelables pour construire nos villes», a déclaré M. Green, directeur de la firme Michael Green Architecture à Vancouver.

Le bois offre l’avantage d’être constitué de carbone capturé et de réduire les besoins en béton, qui, selon l’Agence internationale de l’énergie, est responsable de 7 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Mais c’est l’effondrement du marché du logement il y a dix ans qui a contribué à promouvoir l’utilisation de nouvelles techniques de construction en bois déjà utilisées en Europe pour relancer le secteur forestier.

De cet élan est notamment née la tour Brock Commons sur le campus de l’Université de la Colombie-Britannique, le plus haut bâtiment en bois du monde à 18 étages. Le bâtiment hybride comporte deux piliers centraux en béton, mais on estime tout de même qu’il a capturé 1753 tonnes de carbone dans le bois et a permis d’éviter 679 tonnes de GES, ce qui équivaut à retirer plus de 500 voitures de la route pendant un an.

Depuis 2015 au Québec, il est possible de construire des bâtiments en bois jusqu’à 12 étages en respectant des exigences québécoises en matière de qualité et de sécurité que le gouvernement a répertoriées dans un guide produit par la Régie du bâtiment du Québec et l’Institut de recherche FPInnovations.

À Québec, le projet de condominiums Origine est constitué d’une tour de 13 étages, dont 12 sont en bois.

Construire de hauts édifices avec du bois a été rendu possible grâce à l’utilisation de techniques anciennes et nouvelles. Brock Commons en Colombie-Britannique a utilisé l’innovation relativement récente du bois lamellé-croisé, qui consiste à coller des couches perpendiculaires de bois pour créer des feuilles renforcées pour les murs et les sols. Pour les piliers, la technique beaucoup plus ancienne consiste à coller des morceaux de bois parallèles pour former des poutres épaisses.

Au niveau fédéral, les règles de construction pourraient changer pour permettre des tours de 12 étages dans la mise à jour 2020 du code national du bâtiment, qui est révisé tous les cinq ans.

Des responsables des services contre les incendies ont soulevé des objections concernant les modifications du code, affirmant que les risques d’incendie n’étaient pas encore suffisamment connus, mais le conseiller principal à la recherche du ministère fédéral des Ressources naturelles, Mohammed Mohammed, estime qu’il y a bon nombre d’études concluantes sur la question.

«En termes de sécurité, de nombreux tests de résistance structurelle et de résistance au feu ont été réalisés au Canada», a dit M. Mohammed. «Je pense que tout est aligné pour l’objectif 2020.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.