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Armes à feu: le Centre islamique écrit à Legault

Boufeldja Benabdallah Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne
Peter Rakobowchuk, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Le président de la grande mosquée de Québec où a eu lieu la fusillade meurtrière du 29 janvier 2017 réclame du nouveau gouvernement du Québec un renforcement des procédures permettant l’accès aux permis de possession d’armes à feu.

Dans une lettre transmise au premier ministre François Legault, le président du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, déplore une faiblesse dans la vérification d’antécédents liés à des troubles mentaux dans certaines circonstances.

M. Benabdallah note que le suspect de la tuerie du Centre culturel islamique avait des antécédents de troubles mentaux, mais que la Sûreté du Québec (SQ) n’avait pas vérifié. En demandant son permis, l’assassin a nié sur le formulaire avoir eu des épisodes dépressifs et M. Benabdallah souligne que ses proches n’ont pas signalé ces épisodes aux autorités.

Boufeldja Benabdallah écrit qu’une vérification systématique des antécédents et une meilleure sensibilisation du public sur le signalement des comportements à risque sont deux améliorations cruciales aux contrôles devant empêcher l’accès aux armes de personnes à risque. À son avis, si la police avait été alertée des antécédents de l’assassin du Centre culturel islamique, elle aurait pu faire une saisie préventive des armes en sa possession.

Le tueur possédait des armes non restreintes. M. Benabdallah rappelle que depuis l’abolition du registre fédéral des armes en 2015, la police ne peut savoir quelles armes sont détenues par un détenteur de permis.

L’auteur de la lettre signale que le Centre culturel islamique de Québec appuie l’immatriculation de toutes les armes à feu. Il souhaite donc la mise en vigueur définitive par le gouvernement du Québec, dès le 29 janvier, de la Loi sur l’immatriculation des armes à feu.

La fusillade au Centre culturel islamique de Québec a fait six morts et cinq blessés.

Le Québec a adopté une loi créant un registre des armes d’épaule en 2016 et a donné aux propriétaires jusqu’au 29 janvier pour enregistrer leurs armes à feu pour éviter de faire face à des amendes pouvant aller jusqu’à 5000 $. Dimanche, 342 359 armes à feu avaient été enregistrées, soit moins du quart des 1,6 million d’armes d’épaule qui seraient entre les mains de propriétaires québécois, selon le gouvernement.

Interrogé lundi sur la demande de M. Benabdallah, M. Legault a déclaré qu’il n’envisageait pas de modifier la loi provinciale. «Pour l’instant, il n’y a rien de prévu de plus que ce qui existe actuellement», a affirmé M. Legault à Paris, où il effectue une visite officielle.

Mais M. Benabdallah a déclaré lors d’un entretien téléphonique qu’il ne demandait pas à M. Legault de nouvelles dispositions législatives, mais simplement de meilleures vérifications.

«On a l’intention de faire respecter la loi. Il y a des gestes de prévention qui vont être posés. (…) Mais on n’a pas de nouveau projet de loi en tête», a simplement dit M. Legault.

M. Benabdallah s’inquiète également de l’influence du lobby pro-armes à feu et demande instamment à M. Legault de ne pas retarder l’application de la loi.

Guy Morin, un militant pro-armes à feu, a appelé les gens à «attendre la dernière minute» pour se conformer à la loi. Il avait affirmé en décembre espérer que le registre serait aboli ou que le faible nombre de personnes enregistrées empêcherait une application de la loi.

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