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L’intimidation pourrait entraîner des problèmes de santé mentale

Les enfants et adolescents victimes d’intimidation par leurs pairs seraient plus vulnérables aux problèmes de santé mentale en vieillissant.

Une étude réalisée par la chercheure Isabelle Ouellet-Morin pour le Centre d’études sur le stress humain de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine révèle que l’intimidation vient modifier la structure entourant un gène régulant la sérotonine, qui normalise l’humeur. Ce phénomène est appelé la méthylation de l’ADN.

«Ce type de changement pourrait demeurer silencieux à court terme, précise Mme Ouellet-Morin. Mais, s’il est maintenu, il pourrait correspondre à une vulnérabilité plus grande, qui pourrait être liée à des problèmes de santé mentale, comme la dépression.»

Selon la chercheure, cette étude prouve qu’on ne doit pas négliger la portée d’expériences négatives comme l’intimidation, un phénomène dont on entend beaucoup parler depuis la mort de la jeune Marjorie Raymond. L’adolescente, qui était victime d’intimidation à l’école, s’est suicidée il y a un peu plus d’un an.

«C’est un sujet qui a beaucoup fait la une récemment, d’une façon très triste, souligne Mme Ouellet-Morin. Et je pense que la société commence à réaliser que ces expériences ne doivent pas être perçues comme normales dans le développement d’un adolescent.»

Au contraire, selon la chercheuse, il est important d’intervenir non seulement pour que ces expériences ne soient pas initiées – ce qui peut être ardu –, mais également pour fournir l’aide nécessaire aux victimes pour éviter des conséquences négatives à long terme.

Mme Ouellet-Morin croit en effet qu’il serait possible de renverser le phénomène de méthylation de l’ADN, premièrement en faisant en sorte que l’intimidation cesse, puis en aidant l’enfant, à l’aide d’un intervenant ou un psychologue, à changer sa perception de l’environnement dans lequel il évolue.

«Pour que les conséquences négatives à court et long terme soient prévenues, tous les acteurs doivent se sentir interpellés et s’impliquer, soit les professeurs, les membres de la direction, mais aussi les parents et toute la communauté» ajoute-t-elle.

28 paires de jumeaux

Pour arriver à ces résultats, Isabelle Ouellet-Morin et son équipe ont analysé la structure chimique du gène en question, appelé SERT, chez 28 paires de jumeaux identiques, en fonction de leur expérience vis-à-vis de l’intimidation : un en avait été victime à l’école et l’autre non.

Puisque les jumeaux identiques avaient le même bagage génétique et vivaient dans les mêmes conditions, il appert que les modifications observées étaient directement attribuables à l’intimidation par les pairs, explique Mme Ouellet-Morin.

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