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Aide du Canada: le PM haïtien veut être entendu

MONTRÉAL – Haïti devrait avoir son mot à dire sur la façon dont l’aide financière du Canada est dépensée au pays, estime le premier ministre haïtien, Laurent Lamothe.

Ottawa a déclaré il y a quelques jours qu’il ne financerait plus les nouveaux projets de développement en Haïti, qui peine toujours à se relever du séisme dévastateur survenu il y a trois ans.

Le ministre de la Coopération internationale, Julian Fantino, a fait part de sa déception face à la lenteur des progrès en Haïti, et a dit espérer trouver une meilleure façon de contribuer à la reconstruction de la «perle des Antilles».

Dans une entrevue téléphonique accordée à La Presse Canadienne, le premier ministre Lamothe admet qu’il aurait lui aussi aimé constater des progrès plus importants sur le terrain.

Il souhaite cependant que le Canada cesse de passer constamment au-dessus du gouvernement haïtien, au profit d’organisations non gouvernementales (ONG), dans ses allocations d’argent.

«Pour toute coopération future, lorsqu’il sera décidé qu’elle reprendra, nous demanderons au gouvernement canadien de se concentrer sur les priorités du gouvernement haïtien», a-t-il déclaré, après une rencontre avec l’ambassadeur canadien à Haïti.

M. Lamothe, en poste depuis mai après sa nomination par le président Michel Martelly, a fait valoir que d’envoyer l’aide au développement directement aux ONG affaiblissait les institutions haïtiennes.

Ces déclarations surviennent quelques jours seulement avant le troisième anniversaire d’un tremblement de terre de 7.0 sur l’échelle de Richter, qui a tué environ 300 000 personnes en Haïti, en a blessé 300 000 autres et a laissé 1,5 million d’Haïtiens sans abri.

Le tremblement de terre a également détruit 42 édifices publics et causé des dommages d’une valeur de 12,5 milliards $ dans le pays pauvre, a ajouté M. Lamothe.

«Pour tout pays, cela aurait été un désastre. Pour Haïti cela a été amplifié de 50 fois», a-t-il fait valoir.

«Nous luttons et faisons de notre mieux pour améliorer l’économie et pour créer des emplois», a-t-il ajouté.

Le ministre Fantino a fait valoir que le Canada avait dépensé un milliard en aide au développement en Haïti depuis 2006. L’agence canadienne de développement international (ACDI) a annoncé que le financement en cours pour des projets à Haïti continuera pendant qu’elle cherche de meilleurs moyens pour qu’Haïti puisse s’aider elle-même.

M. Fantino, ancien chef de la Police provinciale de l’Ontario, a été nommé à la tête de l’ACDI après la démission de Bev Oda l’an dernier.

Dans une entrevue avec le quotidien montréalais La Presse, il a récemment indiqué que le Canada ne pourrait pas prendre soin d’Haïti à jamais.

M. Lamothe insiste sur le fait que son gouvernement a les mains liées en ce qui concerne les programmes de développement parce qu’il ne reçoit aucune aide de l’ACDI. Il a dit vouloir que le Canada et d’autres pays donateurs trouvent une façon d’impliquer les institutions haïtiennes dans le processus.

Le premier ministre veut que le gouvernement soit consulté, le tout dans un processus transparent pour que l’argent du contribuable canadien soit utilisé de la meilleure façon possible, a-t-il expliqué.

Ottawa n’a pas fait connaître sa position sur l’inclusion du gouvernement haïtien dans l’attribution de l’aide internationale.

M. Fantino a refusé les demandes d’entrevues de La Presse Canadienne et l’ACDI n’a pas immédiatement répondu à des questions à ce sujet mardi.

Dans un entretien diffusé lundi sur une radio en ligne, M. Fantino a indiqué qu’il s’attendait à davantage de leadership politique de la part des Haïtiens.

«Le Canada s’attend à de la transparence et de la responsabilité du gouvernement d’Haïti en échange d’engagements futurs», a-t-il déclaré à l’émission ontarienne The Motts, tout en soulignant le bon travail des ONG en Haïti.

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