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Protestation de Spence: Audette écrit à Harper

Stéphanie Marin - La Presse Canadienne

OTTAWA – Dans une lettre empreinte d’émotion, la présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, Michèle Audette, a demandé au premier ministre Stephen Harper d’agir pour que la chef de la réserve d’Attawapiskat, Theresa Spence, mette un terme à sa grève de la faim.

À son avis, la chef Spence reprendra l’absorption de nourriture solide lorsque le premier ministre acceptera de tenir une grande conférence avec les chefs autochtones et le gouverneur général du Canada, le 24 janvier. Celle-ci ne fait qu’absorber du bouillon de poisson et du thé depuis plus d’un mois.

La chef Spence «est prête à aller jusqu’au bout», a indiqué Mme Audette émue, lors d’une entrevue.

Après l’avoir vue il y a deux jours, elle se dit plus qu’inquiète pour sa santé: «elle est faible… essoufflée, elle ne peut plus bouger aussi facilement», a-t-elle décrit.

Elle tente d’arranger un rendez-vous avec un médecin, qui pourra peut-être la convaincre de recommencer à manger.

Puisque le premier ministre n’a pas invité le gouverneur général à sa rencontre de la semaine dernière avec certains leaders autochtones, plusieurs autres, dont Mme Spence, ont choisi de la boycotter.

La chef Spence continue de demander cette rencontre qui inclurait le gouverneur général, puisque c’est la couronne britannique qui a signé les traités avec les Premières Nations. Seule sa présence permettrait d’avoir des négociations de «nation à nation», soutient Mme Spence.

La présidente de la fédération a rappelé que l’an dernier, lors la rencontre «historique» de janvier avec les chefs des Premières Nations, le gouverneur général était présent. «Pourquoi refuser (maintenant)? On ne l’a pas la réponse», a-t-elle dit.

«Pour cette fois-ci, je vous demande de faire fi de vos conseillers politiques, d’ouvrir votre coeur et d’accepter cette rencontre le 24 janvier prochain», implore Mme Audette dans sa lettre.

Mais elle ne manque d’indiquer ce que seraient, selon elle, les conséquences d’un deuxième refus.

«Je suis sûre que vous vous doutez que vous serez le premier pointé du doigt par la communauté internationale, canadienne et autochtone en cas de décès de la chef Spence et que je ne crois pas que vous vouliez avoir cela sur votre conscience», est-il écrit.

Mme Audette dit craindre que la poursuite de la diète liquide de la chef Spence — alors qu’une rencontre a eu lieu avec le premier ministre — ne soit pas comprise par les citoyens et diminue l’autorité de la chef. Mais elle dit que de toute façon, «la machine est déjà partie pour entacher sa crédibilité», juge-t-elle

La chef d’Attawapiskat ignore depuis l’appel de plusieurs Autochtones de mettre fin à son moyen de pression et de rentrer chez elle. C’est ce qu’a fait Jean Sock, qui a mis un terme à sa grève de la faim pour aller s’occuper de sa mère gravement malade. Pour sa part, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Shawn Atleo, a dû se retirer temporairement, pour cause de maladie.

Mme Audette a écrit à M. Harper avoir connu Mme Spence durant leur jeunesse et avoir récemment passé de longs moments en sa compagnie lors de sa grève de la faim qui se déroule sur l’île Victoria, tout près de la colline parlementaire, à Ottawa.

Elle dit «souhaiter profondément» que sa lettre mènera à la rencontre tant espérée.

«Lorsqu’il se lève le matin, lorsqu’il se couche le soir, M. Harper, c’est un humain. C’est un homme».

Pendant ce temps, des Autochtones un peu partout au pays se sont mobilisés dans le cadre d’une «journée d’action nationale». Certains ont fait des manifestations dans le calme mais d’autres ont ralenti la circulation sur des routes, et bloqué des voies ferrées et des ponts.

Mme Audette refuse de condamner leurs actions.

Pas aujourd’hui, dit-elle. Elle souligne que «cette fois-ci, on est rendus là», et que «c’est peut-être notre dernière chance».

Elle dit qu’elle prie et espère que tout soit pacifique lors de cette journée d’action nationale.

Car celle-ci est excessivement importante, selon elle, pour que soient connues toutes les crises sociales qui affectent les communautés autochtones.

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