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Marois veut vendre les surplus d'électricité

Sylvain Larocque - La Presse Canadienne

DAVOS, Suisse – La première ministre Pauline Marois veut mettre à profit les surplus d’électricité d’Hydro-Québec, qui coûtent une fortune aux contribuables, afin d’attirer de nouveaux investissements au Québec.

Mercredi, en entrevue avec La Presse Canadienne à Davos, en Suisse, où elle participe à la réunion annuelle du Forum économique mondial, Mme Marois a indiqué que contrairement à certains intervenants, dont l’Union des consommateurs, elle «ne voit pas négativement» les surplus d’Hydro.

«On a fait une planification à une époque où l’économie était en forte croissance, a-t-elle déclaré. L’économie américaine s’est effondrée à cause de la crise financière. Et on a vu, évidemment, se fermer certains marchés. Mais ces surplus sont disponibles pour attirer au Québec des investissements et je crois que c’est un avantage comparatif dont on doit se servir.»

Dans un rapport remis en novembre à la Régie de l’énergie, Hydro-Québec a chiffré à 28,5 térawattheures (TWh) les surplus dont elle disposera d’ici la fin de 2020. La hausse est fulgurante: il y a deux ans à peine, la société d’État évaluait ses surplus à 11 TWh pour la même période. Chaque année, Hydro débourse environ 500 millions $ pour acheter de l’électricité dont elle n’a pas besoin, en raison notamment des barrages et des éoliennes érigés au cours des dernières années à fort prix.

Dans un discours prononcé devant quelques dizaines d’invités à Davos, Mme Marois a mis de l’avant les faibles coûts de l’électricité et la «fiscalité avantageuse» du Québec. Puis, après avoir fait allusion au cadre enchanteur de la Suisse, elle a ajouté: «le Québec, c’est aussi un pays magnifique, avec des paysages à couper le souffle».

Plusieurs personnalités canadiennes du monde des affaires et de la politique sont venues entendre Pauline Marois, dont John Baird, ministre des Affaires étrangères, Monique Leroux, PDG du Mouvement Desjardins, Louise Arbour, présidente de l’International Crisis Group, et Pierre Beaudoin, PDG de Bombardier. En revanche, il y avait bien peu d’étrangers dans la salle. C’était pourtant spécialement à eux que s’adressait Mme Marois dans son allocution.

Québec tente depuis longtemps d’attirer des investissements en misant sur sa première richesse naturelle, l’hydroélectricité. Bien peu de projets concrets ont toutefois vu le jour. Les alumineries sont actuellement les principales bénéficiaires des contrats spéciaux qui donnent droit à des tarifs d’électricité avantageux.

La chef péquiste a évoqué mercredi des projets de centres d’hébergement de données informatiques. Quand ils étaient au pouvoir, les libéraux étaient réticents à autoriser ces activités en raison du nombre relativement faible d’emplois que celles-ci créent. Mais au moins un projet important, celui du français OVH, a été lancé l’an dernier. Il doit se traduire par des investissements de quelque 127 millions $ et la création d’une centaine d’emplois à Beauharnois, en Montérégie.

Pauline Marois a soutenu que sa présence à Davos s’inscrivait parfaitement dans la «stratégie économique» de son gouvernement, soit de faire croître les investissements étrangers. Dans son premier budget, déposé en novembre, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a annoncé un «congé d’impôt» de 10 ans pour les projets d’au moins 300 millions $ dans des secteurs d’activité qui ne sont toutefois pas encore définis.

À Davos, où elle séjournera jusqu’à samedi matin, Mme Marois doit rencontrer des dirigeants des multinationales ArcelorMittal, Volvo, Ericsson, Holcim, Alcoa, Lockheed Martin, Novartis et Merck. Volvo caresse un projet d’investissement dans le secteur des autobus électriques alors qu’Ericsson songe à réinvestir dans ses installations montréalaises, qui sont les plus vastes à l’extérieur de la Suède, où est situé son siège social.

Pauline Marois s’entretiendra également avec le commissaire au marché intérieur de l’Union européenne, Michel Barnier, avec le ministre français de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, et avec le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, entre autres.

Il s’agit de la troisième visite de Mme Marois à Davos. Elle s’y était rendue en 2003 alors qu’elle était ministre des Finances et quelques années auparavant pour accompagner son mari, Claude Blanchet, qui dirigeait alors la Société générale de financement.

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