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Les enfants canadiens négligés par l’État selon un rapport de l’UNICEF

Photo: UNICEF

Si le Canada veut aspirer à une société en santé, il devrait considérer le bien-être de ses enfants comme une priorité. C’est l’avis du président d’UNICEF Canada, David Morley, qui déplore que le Canada stagne dans le classement des pays riches par rapport au bien-être de ses enfants.

Un rapport de l’UNICEF, qui parait mercredi, révèle que le Canada se classe au 17e rang en la matière, parmi les 29 pays les plus riches du monde. Depuis la dernière étude sur le sujet, il y a dix ans, le Canada n’a guère progressé par rapport aux autres pays qui ont une situation économique similaire. «Même si notre économie est plus forte que certains de ces pays, la situation du bien-être des enfants n’a pas évolué. Nous parlons toujours de l’économie, mais cela ne suffit pas si la situation des enfants ne va pas bien».

L’étude est basée sur cinq critères: les comportements et les risques, le bien-être matériel, l’éducation, le logement et l’environnement, ainsi que la santé et la sécurité. Cette dernière sphère est celle où le Canada performe le moins bien, puisqu’il occupe l’avant-dernier rang. «Les enfants sont au cœur des priorités des citoyens et des familles, mais ce n’est pas traduit dans les actions gouvernementales», regrette M. Morley.

Celui-ci souhaiterait donc que le gouvernement canadien soit plus transparent quant aux montants investis par l’État pour les enfants. Si les Canadiens étaient davantage au courant des allocations directes aux prestations et aux services à l’enfance, ils pourraient alors choisir leurs élus en conséquence, illustre M. Morley.

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Bien que la situation soit un peu mieux au Québec, beaucoup de travail reste à faire, constate le Dr Gilles Julien, qui œuvre en pédiatrie sociale dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. «Actuellement, on investit beaucoup dans la réparation des dégâts, comme l’agrandissement des prisons, constate-t-il. Alors que la clé, c’est la prévention en petite enfance.»

Un enfant qui n’est pas assez stimulé et qui subit du stress «toxique» – dans un milieu défavorisé, par exemple – a des chances importantes que leur cerveau ne se développe pas correctement, croit le Dr Julien, qui organise d’ailleurs un symposium sur le sujet jeudi et vendredi. «Cet enfant risque donc ne pas développer l’inhibition, le sens qui lui permet de réfléchir avant de poser des gestes répréhensibles», explique-t-il, avant d’ajouter qu’il existe très peu de programmes de stimulation précoce.

Le président d’UNICEF Canada est catégorique: si les pays scandinaves occupent le premier rang dans la majorité des sphères du rapport, c’est parce qu’ils ont choisi d’utiliser leur budget en conséquence, c’est-à-dire pour soutenir l’enfance.

M. Morley souhaiterait donc que le gouvernement canadien nomme un commissaire national à l’enfance, comme c’est déjà le cas dans chacune des provinces canadiennes. «Cette personne pourrait voir aux intérêts des enfants dans toutes les décisions importantes du pays, comme le budget, par exemple», ajoute-t-il.

Le gouvernement du Canada n’était pas en mesure de répondre aux questions de Métro, mardi.

Des enfants en santé?
Dans un pays qui alloue une proportion relativement élevée des ressources publiques au domaine de la santé, les enfants ont-ils trop peu d’importance, s’interroge UNICEF Canada.

Les résultats en matière de mortalité infantile (22e sur 29) et de vaccination (28e sur 29) sont particulièrement inquiétants. Cela constitue un reflet de la capacité du pays à fournir les services indispensables à la protection de chaque nouveau-né dans ses premières semaines de vie, ainsi que l’efficacité de ses services de médecine préventive de base.

En ce qui concerne le surpoids, le Canada affiche un taux d’obésité chez les enfants supérieur à 20 % (27e sur 29), soit deux fois le taux des pays les mieux cotés.

«C’est un problème majeur, mais personne ne sait trop quoi faire avec ça, constate le Dr Julien, qui a lui-même créé des camps spécialisés pour les enfants qui ont un problème d’obésité, avec l’Institut de cardiologie. Il y a très peu de programmes intégrés, surtout dans les populations vulnérables, qui n’ont pas les moyens de payer pour ce service.»

Résultat mitigé en éducation
Si, en matière de réussite scolaire, le Canada occupe le deuxième rang pour les élèves âgés de moins de 15 ans, les choses se gâtent pour les adolescents âgés entre 15 et 19 ans (24e sur 29). La transition se vit durement, surtout pour les jeunes garçons, qui désertent les bancs d’école à partir de 15 ans.

«Un tel paradoxe exige de notre part des efforts concertés, afin de nous assurer qu’une éducation et une formation sérieuses permettent aux jeunes d’obtenir un emploi et de contribuer à la société», peut-on lire dans le rapport.

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