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Bourgeons du printemps

Pas besoin d’un calendrier pour savoir que le printemps est arrivé. Suffit de voir aller mon voisin d’en face. Il a passé le week-end sur son parterre, en bermuda, à pelleter sa neige au beau milieu de la rue. Juste à côté de lui, un père Noël gonflable gisait lamentablement au sol, tristement effouéré sur le gazon pas encore tout à fait vert du mois de mars. À mi-chemin entre l’espoir et le grotesque. Pendant ce temps, dimanche après-midi, une bagarre a éclaté devant le Dairy Queen. Un effronté aurait voulu dépasser les autres dans la file. Le malheureux, ça a l’air qu’on l’a brassé comme un milk-shake…

Ainsi vont les choses quand se pointent les bourgeons. Rien n’est plus puissant que la température pour faire pencher l’humeur des gens. Si vous êtes du genre à ne pas avoir le bonheur facile, j’ai peut-être quelques suggestions à vous faire. On ne sait jamais, parfois, ça marche…

Une première recommandation d’ami : le disque. À l’aube du printemps, du groupe Mes Aïeux. Étonnant. J’sais pas ce qu’ils ont bu comme potion pour atteindre ce niveau-là, musicalement parlant s’entend, mais le résultat est franchement impressionnant. La page du trad semble tournée pour de bon et pour le mieux. On accorde ici un solide score de quatre étoiles.

Tiens, allons-y d’un autre tuyau. Au théâtre ce coup-là. Il s’agit de la pièce Après moi, de Christian Bégin, qui est présentement jouée par les Éternels Pigistes à La Licorne. Un motel en Abitibi, trois chambres voisines, trois réalités crues. Entre la franche rigolade de l’auditoire et le drame vécu par chacun des personnages, il y a l’intelligence de ce spectacle totalement divertissant. Un bien beau moment de théâtre sur Papineau jusqu’au 14 avril.

Et tant qu’à y être, voici une dernière idée : l’essai Denys Arcand – Un cynique chez les lyriques, de Carl Bergeron, avec des annotations dudit Arcand lui-même. Un travail au ton académique – ce qui n’est pas nécessairement un défaut – qui donne envie de revoir l’œuvre de ce brillant cinéaste, documentariste et scénariste. Et qui nous permet de relire la pensée de cet observateur de la société québécoise même s’il semble parfois avoir la ferme conviction qu’il a été le dernier à passer, tout juste avant le déluge…

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Dans le cadre de la rubrique «j’aurais-donc-dû-m’en-douter», j’ai reçu de la correspondance de la part
de mes amis cyclistes et/ou antibagnoles à la suite de ma chronique de la semaine dernière sur l’impossible problématique stationnement/spectacle qui sévit à Montréal. Pas sûr d’avoir été bien compris par tout le monde. Pas par eux, en tout cas. Alors, je résume pour une dernière fois.

Les banlieusards qui consomment de la culture sont de moins en moins nombreux à venir sur l’île de Montréal parce que, entre autres, il est difficile de s’y garer sans se faire coller une contravention. Simple, non?

Et, n’en déplaise aux adeptes de la pensée magique, ce n’est pas donné à tout le monde de partir d’outre-pont en vélo en plein hiver à -30 ºC. Surtout si on est âgé de 75 ans et abonné chez Duceppe, par exemple…

Et re-non, ce n’est pas parce qu’on viendrait se divertir en ville avec notre char pendant une couple d’heures, le soir venu, que le cœur de Montréal se transformerait en l’équivalent des sinistres centres-ville de Detroit ou de Houston, comme on me l’a écrit. Voyons donc…  

Bien prêt à débattre quand il y a des points de discorde. Mais devant tant de mauvaise foi… pas sûr.

– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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