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Péladeau présidera le c.a. d'Hydro-Québec

QUÉBEC – L’accession du plus important propriétaire de médias du Québec à la haute direction d’Hydro-Québec, annoncée mercredi, doit être encadrée par des règles qui maintiendront l’étanchéité entre ses diverses activités, ont réclamé les libéraux.

La nomination du président et chef de la direction du conglomérat Québecor, Pierre Karl Péladeau, à la présidence du conseil d’administration de la plus importante société d’État a été dévoilée à la suite d’un conseil des ministres qui s’est exceptionnellement tenu mercredi matin.

À partir du mois prochain, M. Péladeau occupera un rôle plus effacé au sein de Québecor, une entreprise du secteur des télécommunications dont il demeurera toutefois actionnaire principal et administrateur dirigeant.

Juste avant la période des questions, lors d’un bref point de presse, la première ministre Pauline Marois a déclaré qu’elle avait répondu à une sollicitation de M. Péladeau.

«Il n’y a pas d’autres personnes qui ont été approchées, c’est M. Péladeau qui m’a approchée pour me dire qu’il était intéressé à servir», a-t-elle dit.

Avec la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet, la première ministre a décidé de nommer M. Péladeau à Hydro-Québec, une décision qui s’inscrit dans un processus de révision de la stratégie de la société d’État.

«M. Péladeau est un homme de grande envergure, qui a dirigé une grande entreprise, c’est un entrepreneur aguerri, a-t-elle dit. Hydro-Québec est un des vaisseaux amiraux de notre économie. Nous croyons qu’Hydro-Québec peut participer encore davantage au développement économique du Québec, à sa politique industrielle, à une utilisation intelligente de nos surplus pour participer à l’électrification des transports.»

Mme Marois a aussi assuré que l’homme d’affaires veillera à n’être exposé à aucun conflit d’intérêts qui pourrait survenir avec les activités de ses entreprises du secteur des médias et des télécommunications.

«Si tant est qu’il y avait des dossiers où il pourrait risquer d’être en conflit d’intérêts, évidemment à ce moment il l’indiquera et se retirera des décisions qui pourraient être susceptibles de le mettre en conflit d’intérêts», a-t-elle dit.

Le choix de M. Péladeau a tout de même suscité des craintes du côté des libéraux, où le chef de l’aile parlementaire Jean-Marc Fournier a soulevé des questions sur les règles qui devraient être édictées pour éviter tout conflit entre les nouvelles activités de l’homme d’affaires à Hydro-Québec et celles de ses entreprises.

Lors d’un point de presse, M. Fournier a évoqué la possibilité que le gouvernement dévoile aux médias dès jeudi le cadre qui empêchera toute dérive.

«Posez la question au gouvernement, a-t-il dit. Tout ce que je dis c’est quand il y a proximité, il doit y avoir des règles, et je présume qu’il y en a. C’est au gouvernement de nous dire, par vous, quelles sont-elles.»

Selon M. Fournier, il faut garantir qu’une saine distance sera maintenue entre les activités de Québecor et d’Hydro-Québec.

«Dans le domaine économique, je pense que M. Péladeau, on doit reconnaître sa capacité d’affaires, il n’y a personne qui va nier ça, a-t-il dit. Cependant elle est dans un domaine, qui lorsqu’elle est à proximité avec l’administration publique, appelle à mon avis un certain nombre de règles d’encadrement.»

Mme Marois a affirmé que M. Péladeau a refusé la prime annuelle de 125 000 $ que touche habituellement le président du conseil d’administration de la société d’État, ce qu’elle a présenté comme une économie pour les contribuables. Il entrera ensuite en fonction à Hydro-Québec à partir du 15 mai.

Le président et chef de la direction d’Hydro-Québec, Thierry Vandal, demeure en poste.

M. Péladeau avait lui-même récemment annoncé qu’il renoncera à ses fonction de président et chef de la direction de Québecor en mai. Il siégera comme vice-président du conseil d’administration de l’entreprise en plus de présider aussi les conseils d’administration des filiales Québecor Média et du Groupe TVA.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a estimé que cette nomination illustre l’influence démesurée de certains milieux d’affaires auprès des pouvoirs publics.

M. Khadir soupçonne aussi le Parti québécois de vouloir profiter du pouvoir médiatique de M. Péladeau, en retour de cette nomination.

«Qu’est-ce qu’on peut penser de ça? Dites-moi, a-t-il dit. Autrement qu’on essaie de s’acheter des alliances, et de l’influence et, je dirais, des retours d’ascenseur. Quelle impression d’autre ça donne?»

Pour le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, le choix de M. Péladeau est une bonne nouvelle. Selon M. Legault, l’homme d’affaires est tout désigné pour faire le ménage que réclame la CAQ, qui souhaite l’abolition de 4000 postes à la société d’État et des gains en efficacité.

«Je pense que Pierre Karl Péladeau a la compétence pour être capable de se donner ce genre d’objectif puis de suivre les résultats», a-t-il dit.

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