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Alliance pacifique: pas de décision à court terme

CALI, Colombie – Le premier ministre Stephen Harper affirme qu’il est trop tôt pour décider si le Canada devrait joindre l’Alliance pacifique dans ses efforts d’intégration économique.

M. Harper a dit ne pas être en mesure de prendre une décision, après avoir participé à une rencontre d’une journée avec des dirigeants latino-américains qui souhaitent créer un bloc économique similaire à l’Union européenne pour compétionner avec l’Asie.

Malgré qu’il soit encore trop tôt, selon M. Harper, pour chercher une adhésion complète à l’Alliance, M. Harper a affirmé, à l’issue du Sommet, que la présence du Canada était importante pour la stratégie du pays dans les Amériques et ses efforts pour promouvoir la démocratie, la prospérité et la sécurité avec les nations de l’hémisphère qui ont une vision semblable.

L’Alliance pacifique regroupe le Mexique, le Pérou, le Chili et la Colombie. De nombreux autres pays ont le titre d’observateur comme le Canada. Certains d’entre eux sont candidats à une adhésion rapide. Selon M. Harper, ces pays ont établi un ambitieux programme d’ouverture économique et d’intégration, et ils sont clairement engagés à renforcer les valeurs démocratiques qui sont au coeur de la mission internationale du Canada.

Des critiques ont noté que le Canada devrait se retenir de courtiser l’Alliance pacifique, en partie parce que le pays est déjà impliqué dans une multitude de négociations commerciales sur la scène internationale, mais aussi parce que des accords de libre-échange ont déjà été conclus avec les quatre membres de l’Alliance.

Ces nombreuses incursions du Canada dans des négociations de libre-échange à travers le monde ne sont pas aussi inefficaces que l’affirment les critiques, soutient, de son côté, le ministre du Commerce international, Ed Fast. Il croit au contraire qu’il s’agit d’un effort nécessaire pour conquérir certains des plus importants marchés.

«Il y a beaucoup d’incompréhension au sujet de ce que nous faisons», a expliqué jeudi M. Fast, en entrevue à Cali, en Colombie.

Le Canada a obtenu le statut d’observateur pour ce sommet des leaders de l’Alliance pacifique, qui regroupe le Mexique, la Colombie, le Pérou et le Chili. Le groupe s’est fixé un ordre du jour ambitieux pour permettre la libre circulation des capitaux, des investissements, des services et des travailleurs entre les pays membres.

«En moins de deux ans et demi, nous avons réalisé des progrès importants», a déclaré le président colombien Juan Manuel Santos, à l’ouverture de la rencontre.

«Parlons du chemin qui reste à parcourir, au cours des prochains mois, en matière d’intégration économique. Il existe un énorme potentiel.»

Si Ottawa décidait éventuellement de se joindre à l’Alliance pacifique, il faudrait que les quatre pays fondateurs jugent que le Canada cadre bien avec leur vision.

Pour le ministre Fast, il n’y a aucun doute que l’approche du Canada en matière de croissance économique est compatible avec celle de l’Alliance.

«Ce sont les partenaires les plus fiables dans la région, et ils partagent notre philosophie», soutient M. Fast. Selon lui, même si ces pays ont connu des changements de gouvernement récemment, leur engagement envers le libre-échange est bien établi.

C’est le genre de remarque qui laisse croire au critique néo-démocrate en matière de commerce international, Don Davies, que les objectifs d’Ottawa sont davantage politiques qu’économiques. «Il semble évident que l’Alliance pacifique est une perte d’énergie et un dédoublement inutile de ressources», soutient-il.

Le député-néo-démocrate rappelle que le Canada a déjà signé des accords de libre-échange avec tous les membres de l’Alliance. Il croit que les conservateurs fédéraux sont davantage intéressés à se joindre à un club politique de droite pour contrebalancer l’influence de la gauche en Amérique latine.

Un responsable gouvernemental canadien insiste sur le fait qu’Ottawa n’est pour le moment qu’un observateur et n’a pris aucun engagement pour joindre l’Alliance. Des analystes affirment qu’en étant présents à Cali, le premier ministre Harper et son ministre du Commerce international envoient un signal fort que le pays est ouvert à faire du commerce avec des partenaires latino-américains dynamiques.

Des représentants d’organisations non gouvernementales pensent que le Canada a déjà sacrifié les droits des travailleurs et l’environnement en signant un accord de libre-échange avec la Colombie. Ils ne veulent pas voir le gouvernement Harper répéter ce qu’ils qualifient d’erreur.

Des ONG soulignent que lors de la signature de l’accord avec la Colombie, Ottawa avait promis de produire un rapport annuel sur la situation des droits de la personne, pour évaluer si le libre-échange améliorait ou nuisait aux conditions de vie des Colombiens. Aucun rapport n’a encore été présenté, malgré l’échéancier qui prévoyait qu’il le soit avant la mi-mai.

Les sociétés minières canadiennes sont très présentes en Amérique latine. Le responsable gouvernemental affirme que les minières d’ici sont à l’avant-garde en terme de responsabilité sociale, d’amélioration des conditions de vie et du respect des droits d la personne.

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