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Vers un féminisme de tous les enjeux

Le mouvement féministe québécois souhaite élargir son champ d’action et ne plus se limiter aux sujets dits «féminins», pour bâtir un projet de société. Le développement économique, l’écologie, la démocratie et les rapports inégalitaires entre les peuples, voilà quelques-uns des enjeux sur lesquels les féministes souhaitent s’impliquer à l’avenir. C’est la conclusion principale du rapport des tables de travail organisées dans le cadre des États généraux de l’action et l’analyse féministes, qui sera rendu public dans les prochaines semaines.

Ces sept tables de travail, abordant sept thèmes, ont réuni plus d’une cinquantaine de féministes issues des milieux syndical, militant, universitaire, politique, artistique et communautaire. Une tournée de 12 régions du Québec, dont les rencontres étaient ouvertes à toutes les femmes, a eu lieu en parallèle afin de nourrir les discussions à ces tables. «Ce qui en ressort, explique Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), c’est une volonté pour un changement d’approche.»

Cette approche tenterait d’améliorer le sort des femmes en ciblant des enjeux plus larges. Au lieu de militer simplement pour la conciliation travail-famille ou une meilleure place pour les femmes sur le marché du travail, ces féministes proposent de s’attaquer au modèle économique, qui ne valorise que ce qui crée de la richesse, excluant une partie du travail des femmes, comme le soin aux enfants et l’entretien de la maison.

L’égalité entre les hommes et les femmes passerait aussi par l’égalité entre les peuples, selon Delice Mugabo, l’une des porte-parole des États généraux. «L’épanouissement de plusieurs femmes est beaucoup lié au bien-être de leur communauté ethnique ou religieuse», justifie Mme Mugabo.

«On ne peut lutter contre la violence faite aux femmes autochtones sans aborder la question de la colonisation», a pour sa part avancé Aurélie Arnaud, responsable des communications pour Femmes autochtones du Québec. Elle estime que l’arrivée du modèle européen a mis en péril l’égalité qui régnait autrefois dans les communautés autochtones.

La suite de cette réflexion collective se fera lors du Forum des États généraux, qui aura lieu du 14 au 17 novembre à l’Université du Québec à Montréal. Les organisatrices souhaitent intéresser l’ensemble des femmes à cet espace d’apprentissage, de discussion et de décision. Elles espèrent notamment stimuler la participation de nombreuses femmes immigrantes et autochtones, qui sont aux prises avec des problématiques particulières.

Le forum sera également ouvert aux transsexuelles. «On veut qu’elles participent au même titre que les autres femmes et qu’elles puissent s’approprier le féminisme», souligne Isabelle Picard, féministe active dans le milieu communautaire à Lévis.

Un processus d’envergure
Les États généraux de l’action et de l’analyse féministe est un processus sur deux ans lancé en mai 2011 pour amener toutes celles intéressées à faire avancer des causes féministes à dégager des priorités d’action pour l’avenir. Il consiste notamment en :

  • Deux colloques tenus en mai 2011 à Montréal et en mai 2012 à Québec
  • Une tournée des régions du Québec, de janvier au début juin dernier
  • Sept tables de travail sur sept thèmes différents
  • Le Forum, point final des États généraux

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