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Vers la fin de la fumée sur les terrasses?

Une majorité de Québécois appuierait l’interdiction de fumer sur les terrasses des restaurants et des bars, selon un nouveau sondage publié mardi et réalisé pour la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.

Près de deux répondants sur trois ont dit être favorables à cette possible modification de la loi. Il s’agit de la même proportion qui, en août 2004, s’était dite favorable à l’interdiction de fumer à l’intérieur de ces établissements. «Nous espérons que cet appui populaire, combiné aux preuves croissantes quant aux dangers de la fumée secondaire sur les terrasses, convaincra le gouvernement d’inclure une telle interdiction dans une révision prochaine de la Loi sur le tabac», a affirmé Flory Doucas, porte-parole de la coalition.

Elle souligne du même souffle que cette nouvelle loi serait comparable aux normes de santé publique qui prévalent pour la nourriture, puisque la fumée secondaire comporte de véritables risques pour la santé. Des risques auxquels les consommateurs ainsi que les travailleurs sont exposés. «La loi donnerait une voix aux non-fumeurs qui, trop souvent, tolèrent l’inacceptable», plaide-t-elle.

Pour l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), le bannissement de l’usage du tabac à l’intérieur des restaurants tombait sous le sens en 2006 et bien peu de restaurateurs retourneraient en arrière. Toutefois, fumer sur les terrasses demeure «la dernière option permettant aux exploitants d’accommoder la clientèle de fumeurs».

«Nous sommes d’avis qu’en n’interdisant pas de fumer sur les terrasses en 2006, le gouvernement avait trouvé un juste équilibre entre la protection de la santé de la population et des travailleurs et les intérêts économiques de nos membres. À notre avis, briser cet équilibre aujourd’hui serait déraisonnable et exagéré», explique François Meunier, porte-parole de l’ARQ.

Selon le porte-parole de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec, Renaud Poulin, ces résultats sont à prendre avec un grain de sel puisque si les clients voulaient des terrasses non-fumeurs, il y en aurait.

Le ministère de la Santé attendra les résultats de la Commission de la Santé et des Services sociaux qui examinera, le 20 et 21 août, les effets de la mise en œuvre de la Loi sur le tabac de 2005 à 2010.

Selon l’attaché de presse du ministre Réjean Hébert, Genevève King Ruel, la question de l’interdiction de fumer sur les terrasses pourrait être soulevée lors de la commission, mais le ministre va attendre d’avoir un résumé de la situation avant d’agir.

Le Québec ne ferait pas cavalier seul en adoptant une mesure pour bannir le tabac des terrasses: Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse, l’Alberta, le Yukon et de nombreuses municipalités, dont Ottawa, Vancouver, Thunder Bay et Saskatoon interdisent de fumer sur les terrasses des restaurants et des bars.

Le coup de sonde a été effectué les 7 et 8 août auprès de 1 112 Québécois. La marge d’erreur est de plus ou moins 3,08%, 19 fois sur 20.

Une industrie en perte de vitesse
Pour Renaud Poulin, une interdiction de fumer sur les terrasses ne ferait qu’exacerbé le déclin économique que subit son industrie. Entre 2005 et 2007, l’année suivant l’entrée en vigueur de la loi, le volume du débit de boissons alcoolisées dans les bars a diminué 9,7%. Cette dégression s’inscrit toutefois dans un déclin plus généralisé de l’industrie qui a vu ses recettes diminuer de 14,3% de 2005 à 2012.

Une série de facteurs, dont l’interdiction de fumer dans les bars et le «resserrement des lois contre l’alcool au volant» ont influencé cette décroissance, explique M. Poulin.

Contrairement à leurs confrères, les restaurateurs se portent beaucoup mieux. Entre 2005 et 2007, ils ont connu une hausse de 1,1% de leur clientèle. Cette croissance s’est accélérée pour atteindre 19% en 2012.

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