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Quelles sont les trois valeurs qui définissent le Québec?

Métro, en collaboration avec l’Institut du Nouveau Monde, poursuit sa
nouvelle rubrique hebdomadaire. Chaque lundi, «Le Québec en questions»
vous invite à participer à une discussion autour d’un thème précis.
Dans le journal, trois personnalités et des jeunes ont entamé le débat.
Sur le web, il se poursuit avec leurs réponses complètes et vos
réactions.

Quelles sont les trois valeurs qui définissent le Québec?

Les Québécois ont-ils des valeurs communes? S’entendent-ils pour faire primer certains principes sur d’autres? Dans les grandes lignes, sûrement. Mais dans les faits, les débats demeurent houleux.

«Je ne suis pas raciste, mais…» Ce début de phrase, entendu quelquefois lors de la commission Bouchard-Taylor, réflète sans doute un malaise encore persistant au Québec. Le récent débat autour du projet de loi 16 à l’Assemblée nationale a ramené dans l’actualité deux mots qui ont donné des frissons aux Québécois et des maux de tête aux politiciens : accommodements raisonnables.

Les sociétés laïques séparent automatiquement, en théorie, la religion de l’État. Mais dans les faits, il demeure toujours une part d’accommodements.

Cette semaine, nos trois panellistes invités étaient appelés à déterminer les trois valeurs qui définissent le mieux le Québec. Les trois ont inclus l’égalité entre les hommes et les femmes dans leur réponse.

Accueillants, les Québécois?
Sur une note plus légère, on se plaît souvent à apposer des étiquettes au peuple québécois. «Les Québécois sont accueillants.» Oui. Mais les trouvons-nous toujours accueillants lorsqu’on se rend à l’étranger?

«Les Québécois sont respectueux.» Peut-être que les piétons qui traversent les rues de la province ne sont pas du même avis. Surtout lorsqu’ils voyagent et voient les voitures s’arrêter pour les laisser passer.

«Les Québécois sont verts.» Dans les discours, oui. Mais qu’en est-il dans les faits?

Trois personnalités se prononcent


Jean Charest
Premier ministre du Québec

«Nos "valeurs", c’est ce qui est important pour nous, c’est un guide de vie. Par exemple, la compassion est une valeur québécoise. Ce principe est l’assise de notre système de santé. Nous croyons aussi dans l’égalité des chances (notre système d’éducation) ou la justice sociale (aide à la famille, lutte contre la pauvreté).

Mais quand on parle de "valeurs québécoises" ces temps-ci, on réfère surtout à la diversité culturelle. C’est un enjeu sensible parce que notre identité n’aura jamais la force du nombre; comme francophones, nous sommes moins de 3 % de la population de l’Amérique du Nord.

Nous nous attendons à ce que chaque Québécois adhère notamment à trois valeurs de base.

La primauté du français.
Nous avons su faire fleurir notre langue et notre culture depuis plus de 400 ans en terre d’Amérique. C’est un exploit. Ceux qui se joignent à nous doivent le réaliser et le respecter en apprenant le français. Notre langue est le premier instrument de notre liberté et la première assise de notre identité.

L’égalité entre les femmes et les hommes. La bataille des femmes pour l’égalité, entreprise avec le droit de vote en 1940, a mis le Québec sur la voie de la modernité. Cette bataille a été longue. Au début des années 90, le Québec a fait un précédent mondial avec la loi sur le partage du patrimoine familial. Le Québec est notamment aujourd’hui une des sociétés où la participation des femmes au marché du travail est la plus élevée. Pour nous, l’égalité entre les femmes et les hommes est un principe de justice.

La séparation de la religion et de l’État. La religion a occupé beaucoup de place dans l’histoire du Québec. Pour nous, la religion est maintenant une affaire privée, et l’État doit baser ses décisions en fonction du bien commun et non pas en fonction de choix religieux.»


Marie-France Bazzo
Animatrice et productrice

«Par "valeurs", j’entends des principes, des idées incrustées dans notre ADN collectif. Elles ne sont pas nécessairement bonnes ou mauvaises. Elles sont juste là et sont partagées.

L’égalité hommes-femmes. Une valeur bien d’ici. Le Québec est passé de société matriarcale à société féministe, avec ce que ça implique de progrès social et la conviction profonde qu’une fillette a autant d’avenir qu’un petit garçon. Ce qui explique qu’on ait la mèche courte quand la ministre de la Condition féminine ne voit pas que le projet de loi 16 heurte ce principe.

L’américanité. Nous, Québécois, sommes coulés dans le territoire nord-américain. On a soif d’espace, de démesure. On se souvient avoir arpenté le continent de la baie d’Hudson à la Louisiane. On aime nos shacks à la campagne, les camps de chasse, les gestes larges, les gros pick-ups, le camping; on s’imagine pouvoir prendre la route.

Le conformisme. Oui, on est des patenteux, des créateurs, mais aussi des êtres très conformistes. On vote au centre. On aime les consensus mous. Faut pas que ça se distingue : ni trop riche, ni trop chic, pas trop pauvre, pas trop extravagant. On aime nos chips classiques et nos vedettes ordinaires… Au Québec, le mouton n’est jamais très loin.»


Maka Kotto
Député de Bourget et porte-parole du Parti québécois en matière de culture et de communications

«L’égalité entre les femmes et les hommes est une valeur non négociable défendue par les Québécoises et les Québécois. Depuis toujours, les femmes participent, au même titre que les hommes, à faire du Québec une société plus prospère, plus équitable et plus libre.

Parce qu’elle est au cÅ“ur même du sentiment d’appartenance de toute société et est le fondement premier d’un peuple, la culture au Québec est une partie intégrante de la volonté d’affirmation de notre modernité. En cela, la culture au Québec est une valeur fondamentale.

Elle influence nos pensées, nos paroles, nos actions et notre quotidien, tout en permettant notre épanouissement individuel et collectif. La primauté de la langue française, langue commune et de convergence, est aussi vitale, le français étant le pivot même de l’identité québécoise en Amérique du Nord.

Une autre valeur exceptionnelle du peuple québécois est celle acquise, au fil des ans et de bien des batailles, pour une meilleure justice sociale. Ce qu’on décrit souvent comme le « modèle québécois » a été construit sur la démocratie, la solidarité et la fierté des outils de développement, économiques et sociaux, que le Québec s’est donnés au cours des 50 dernières années.»

L’avis des jeunes

  • Sylvain Perron
    24 ans, étudiant à la maîtrise en sciences de l’environnement

«Respect d’autrui, la tolérance et la non-violence.

Le respect d’autrui, la tolérance et la non-violence doivent être au cÅ“ur de nos vies. La société dans laquelle nous évoluons ne s’est certainement pas bâtie avec armes et haine.

Nous devons montrer l’exemple aux autres peuples que l’évolution d’une société passe par la tolérance et le respect des autres, non par la violence et la haine.

Nous devons faire preuve de tolérance envers les nouveaux arrivants avec leurs croyances et leurs coutumes, tant qu’il rentre eux aussi dans le respect d’autrui et la non-violence que nous prônons.»

  • Jean Grégoire
    24 ans, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec

«Égalité des chances. Peu importe, le sexe, la religion, le milieu social de provenance, etc., tout citoyen du Québec a accès aux mêmes droits et obligations que lui confère ce statut, lequel doit être protégé par l’État.

Culture de la langue française et de l’éducation.
La transmission de notre identité culturelle passe nécessairement par une éducation de qualité et accessible à tous.

Ouverture sur le monde. Le Québec n’est pas isolé. Il maintient et développe des liens avec l’ensemble des autres peuples et états de la planète.»

  • Maxime LeDuc
    21 ans, étudiant

«Les valeurs qui définissent le Québec moderne :

1) Le progressisme à cause de toutes les idées de redistribution de la richesse et d’ouverture (systèmes publics, protection de l’environnement, tolérance, efforts d’intégration, etc.).

2) La peur de l’affirmation à cause de la tendance d’un grand nombre à oublier leur identité québécoise lorsqu’on les accuse à tort d’être racistes et/ou antimondialisation.

3) La culture franco-latine parce que les Québécois sont réellement ce que l’on appelle des latins (axés sur le plaisir, émotifs, démonstratifs, etc.) et parce que le fait français est leur point central sans être la totalité de leur culture.»

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