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Gaz de schisme

C’est bien mal parti. Le débat sur les gaz de schiste divise plutôt qu’unit. La récente tournée du directeur général de l’Association gazière et pétrolière, André Cayer, n’a rien fait pour apaiser les foules. Loin d’être vue comme une occasion de générer de la richesse, l’exploitation de cette ressource naturelle est vue, au contraire, comme une intrusion dans plusieurs communautés.

Dans tout le débat, le respect reste au vestiaire. Les torts s’accumulent. Personne n’en sort indemne. Le premier ministre persiste et signe en disant que d’une façon ou d’une autre, le Québec ira de l’avant. L’industrie s’y prend mal, mais peu importe sa version. Peu de gens sont ouverts à écouter ce qu’elle a à dire. Les citoyens sont en colère et les cris semblent être le mode d’expression privilégié. 

C’est à se demander si l’on parviendra à trouver une solution raisonnable. Pourtant, entre ne rien faire et faire n’importe quoi, il doit y avoir des options. Cette ressource représente une richesse collective qui mérite un débat serein. Elle offre un potentiel de création de richesse à long terme et un héritage potentiellement intéressant pour autant que son exploitation soit faite dans le respect des communautés et de l’environnement. Est-ce possible? C’est la question qu’il faut se poser. 

Pour y parvenir, encore faudrait-il prendre le problème à l’envers en cessant de se demander comment ne rien faire pour plutôt se questionner sur les façons de réaliser le potentiel du Québec. Dans cette veine, le gouvernement devrait envoyer un message clair. Nous sommes ouverts aux investissements d’ici et d’ailleurs. Toutefois, attention, il n’est pas question d’exploiter les ressources naturelles n’importe comment. Les entreprises doivent savoir qu’il y a un encadrement rigoureux qui guide les pratiques industrielles et un prix élevé à payer pour ceux qui ne respectent pas ces pratiques. Les communautés doivent recevoir un bénéfice afin d’investir dans la diversification de leur économie. Les citoyens doivent pouvoir s’appuyer sur des mécanismes de protection clairs.

Or, dans un contexte où la marge de manouvre est pourtant très, très mince, le gouvernement a improvisé. Il n’a pas assumé sa responsabilité. Le seul fait de commander une étude au BAPE ne fait pas de l’exploitation des gaz de schiste un projet socialement acceptable. Aujourd’hui, moratoire et nationalisation semblent deux mots magiques qui vont tout régler. Il faut plutôt mobiliser les intervenants et développer une approche qui nous ressemble, tout en s’inspirant de l’expérience acquise ailleurs.  Sans quoi les gaz de schiste deviendront les gaz de schisme…On pourra alors se demander à qui cela profitera vraiment?

– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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