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La charte des valeurs nuit au mouvement indépendantiste, croient des militants

Le mouvement indépendantiste sortira perdant du débat sur la charte des valeurs, estime un groupe de militants.

Les Indépendantistes pour une laïcité inclusive (IPLI) qualifient le projet de loi 60 de la charte des valeurs québécoises de «détournement de la Révolution tranquille et de l’idéal indépendantiste».

Le regroupement, qui comprend notamment le sociologue Jean Dorion, présentait dimanche son mémoire déposé à la Commission des institutions de l’Assemblée nationale, intitulé «Un Québec pour tous et toutes».

«La charte des valeurs, c’est un projet antipathique. Ce n’est pas quelque chose de rassembleur. Il a d’ailleurs déjà contribué à éloigner un certain nombre d’indépendantistes du mouvement», a affirmé M. Dorion en conférence de presse.

Sans l’appui des jeunes et des communautés culturelles au projet de charte des valeurs québécoises du gouvernement péquiste, le mouvement indépendantiste depuis longtemps associé au Parti québécois s’en retrouve affaibli, soutiennent les IPLI.

Le climat de peur et de division au sein de la population québécoise créé par «la lutte contre un « ennemi » en grande partie fabriqué, [le musulman] », nuit au projet d’indépendance du Québec, croit le mouvement.

«Les derniers sondages montrent qu’il n’y a aucune augmentation de l’appui à la souveraineté [depuis la présentation de la charte]. L’appui était même plus fort pendant l’époque du gouvernement de Jean Charest», soutient l’auteur Robin Philpot, membre des IPLI, qui a lui-même redonné sa carte de membre du Parti québécois l’automne dernier après plus de 30 ans d’adhésion. Les résultats de sondages afficheraient actuellement environ 37% d’appui à la souveraineté dans la population québécoise, affirme M. Philpot, alors que depuis 1995, l’appui tournait plutôt entre 40% et 50%, dit-il.

Sol Zanetti, chef d’Option national, croit lui aussi que la charte des valeurs nuit à l’image du mouvement indépendantiste «et prend la place du vrai débat qu’on devrait avoir sur l’indépendance», dit-il.

Il explique que son candidat Patrick Bourgeois, aux dernières élections partielles dans Viau, a reçu un accueil peu chaleureux de la part de la communauté maghrébine dans sa circonscription. «Les Magrébins sont normalement sympathiques au projet d’indépendance, ayant eux-mêmes vécu ce même combat dans leur pays d’origine», a affirmé M. Zanetti, en entrevue téléphonique avec Métro.

Le chef d’ON croit que le mouvement indépendantiste et l’image peu glorieuse véhiculée au sujet de la charte sont maintenant mis en parallèle.

«Le mouvement indépendantiste est maintenant associé à cette affaire-là [la charte], qui n’a rien à voir avec l’indépendance», clame M. Zanetti.

Jean Dorion considère également que l’impact de la charte des valeurs chez les jeunes indépendantistes est «désastreux». «Dans nos écoles, les jeunes sont en contact avec la diversité. Ils sont conscients de la commune humanité que nous partageons avec les gens qui portent des signes religieux», affirme-t-il, rappelant que les membres d’Option nationale et de Québec solidaire, majoritairement plus jeunes, se sont prononcés contre la charte des valeurs.

Le sociologue et président des IPLI estime que le projet de loi 60 n’a d’autre intérêt que des aspirations électorales du PQ. Les électeurs plus âgés, «qui côtoient moins les gens des communautés culturelles», croit M. Dorion, sont des électeurs puissants pour le PQ. «Les gens plus âgés sont plus nombreux que les jeunes, donc électoralement on peut s’appuyer là-dessus. Mais l’avenir n’est pas de ce côté. L’avenir est du côté de la jeunesse et de la diversité. Et la jeunesse et la diversité, on la chasse avec ce projet de loi 60», déplore M. Dorion.

Les IPLI recommandent le retrait de l’article 5 de la charte des valeurs sur l’interdiction du port des signes religieux aux employés de l’État en fonction. Ils proposent d’appliquer cette interdiction seulement «aux agents de l’État susceptibles de recourir à la coercition, tels que les juges et les policiers».

Le regroupement exige également du gouvernement qu’il publie «une seule étude démontrant qu’au Québec, les employés de l’État qui portent des signes religieux font jusqu’ici, dans leur fonction, preuve de prosélytisme ou de favoritisme en fonction de leurs croyances».

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