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Changer la culture pour limiter le plagiat à l’université

Photo: Getty Images/iStockphoto

Limiter les cas de plagiat à l’université passe d’abord par un changement de culture dans ces institutions, soutient un expert.

«Actuellement, nous sommes dans un système où on valorise beaucoup le résultat, la note. On valorise beaucoup moins les connaissances qui sont acquises», regrette Michel Séguin, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et ex-membre de son comité de discipline.

Près de 1% des étudiants universitaires ont été pris à tricher dans les 54 universités canadiennes participantes à un sondage de CBC/Radio-Canada dévoilé mardi.

«Je pense que ça sous-estime le phénomène parce que c’est sûr qu’on ne les attrape pas tous. Mais est-ce que c’est quelque chose de très répandu? Je ne serais pas aussi alarmiste», précise M. Séguin.

Avant d’enrayer totalement le plagiat dans les universités, ce professeur invite d’abord les institutions à favoriser la culture de la connaissance chez les étudiants.

«Si demain matin, je réussis à convaincre mes étudiants que lorsqu’ils vont passer une entrevue d’embauche, leurs connaissances seront plus importantes que les notes, ils n’auront plus intérêt à plagier», explique-t-il, déçu que ses étudiants soient plus motivés par les notes que par la compréhension de la matière.

Bernard Garnier, vice-recteur aux études à l’Université Laval est lui aussi conscient que le problème en est un de société. «C’est un problème culturel, d’éthique et personnel. En général, les associations étudiantes comme la CADEUL en sont également conscientes», affirme-t-il.

Des sites internet comme compilatio.net pour repérer le plagiat, des logiciels ou des stratégies pour éviter la tricherie lors d’examens sont utilisés par beaucoup de professeurs. «On pourrait faire plus, je ne serais pas contre, mais les étudiants trouveraient toujours de nouvelles techniques pour tricher», déplore M. Séguin.

Certains cas de plagiats sont évidents à repérer, disent certains professeurs, comme les ruptures de style au sein d’un même texte. D’autres cas, par contre, sont plus difficiles. «Un étudiant qui paie un autre étudiant pour faire le travail à sa place, comment voulez-vous que je détecte ça si l’auteur fait un travail honnête? Je ne peux pas», remarque M. Séguin.

Au-delà des technologies utilisées, le professeur peut parfois se sentir surpasser par le travail nécessaire. «Quand tu as 120 copies à corriger, est-ce que tout le monde va faire le travail supplémentaire nécessaire pour déceler les cas de plagiat?», indique M. Séguin.

Plusieurs intervenants conviennent que davantage de correcteurs ou de ressources pourraient être investis, mais à l’UQAM et à l’Université Laval, la sensibilisation et la prévention restent au cœur de leur stratégie.

«Même si on avait plus de moyens, nous mettrions en place plus de stratégies de communication et de prévention, comme la diffusion de tracts, plutôt que dans les technologies de détection», indique Jenny Desrochers, porte-parole à l’UQAM.

Les directions facultaires sont également présentes pour aider le professeur à déceler les cas de plagiat, précise M. Garnier.

L’Université Laval fait état de 56 cas de plagiat sanctionnés en 2011-2012. À l’UQAM, 268 cas avaient été sanctionnés en 2009-2010, l’année de la refonte du règlement sur les infractions académique. En 2012-2013, 166 cas ont été sanctionnés.

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