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Montréal à l’heure des changements climatiques

Le document de La National oceanic and atmopsheric administration qui recense les températures moyennes de 2013 dans le monde. Photo:

Même si Montréal a vécu un hiver d’environ trois degrés plus froid que la moyenne, le réchauffement climatique n’est pas remis en cause.

Le centre-est de l’Amérique du Nord a été l’une des seules régions du monde à avoir vécu des températures inférieures à la normale cet hiver, a montré, graphique à l’appui, Alain Bourque, directeur général d’Ouranos, un groupe de recherche spécialisé dans la climatologie. L’année dernière a été la sixième plus chaude depuis 1850.

Cet hiver plus froid, «ça montre plutôt qu’il existe encore une variabilité naturelle du climat qui permet d’avoir, à l’occasion, des hivers plus froids que d’habitude», a ajouté M. Bourque. Son organisme organisait lundi une séance d’information dans la foulée du deuxième volet du cinquième rapport du GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat.

Dévoilé la fin de semaine dernière, ce rapport s’intéresse à l’impact des changements climatiques, région par région, et aux adaptations nécessaires pour y faire face. «En Amérique du Nord, il faut s’attendre à une hausse des épisodes de chaleur et de pluies abondantes. En plus des inondations, cela aura des conséquences sur la qualité et la quantité d’eau disponible», a déclaré Linda Mortsch, chercheuse à l’Université de Waterloo.

Lors de cette table ronde, les experts présents ont souligné certains des défis qui attendent les décideurs publics. En premier lieu, celui des infrastructures. «Sans investissements pour les améliorer, elles seront mises à rude épreuve», a ajouté Mme Mortsch, en faisant référence aux épisodes de fortes précipitations qui sont appelés à se multiplier.

À Montréal, malgré les investissements massifs des dernières années, le réseau d’eau déborde régulièrement dans certains secteurs. Au point où le Bureau d’assurance du Canada répète depuis quelque temps que les habitations de certains secteurs pourraient ne plus être assurables contre les refoulements d’égouts. Selon le vérificateur général, la Ville devrait investir 832M$ par an pour entretenir son réseau, soit trois fois plus qu’actuellement.

Parmi les mesures prises pour limiter les dégâts, la Ville tente de faire généraliser la pause de clapets anti-retour par les résidants. Elle prévoit aussi la construction de bassins de rétention pour alléger le réseau et éviter les surverses lors des fortes pluies.

Parmi les autres conséquences des changements climatiques, figure la hausse des épisodes de chaleur. À titre d’exemple, il y a eu de 2001 à 2010 à Montréal, 13 épisodes de canicule totalisant 55 journées, selon Environnement Canada. En comparaison, entre les années 1950 et 1980, il n’y a eu, par décennie, que 8 épisodes de canicule totalisant 39 journées.

Montréal dispose depuis 2010 d’un plan d’intervention contre les vagues de chaleur et la Ville songe à durcir sa règlementation pour rendre les stationnements plus verts. Mais elle pourrait rater sa cible de hausse du couvert forestier, reconnu comme l’un des moyens pour lutter contre les îlots de chaleur, craint le Conseil régional de l’environnement de Montréal.

En janvier, l’organisme notait que les sommes prévues au budget pour la plantation de 300 000 nouveaux arbres d’ici 2025 étaient inférieures de 60% aux investissements recommandés, sans compter que la ville perdra des milliers d’arbres à cause de l’agrile du frêne.

Parmi les autres éléments influencés par les changements climatiques, Caroline Larivée, d’Ouranos, souligne l’expansion de l’herbe à poux dont le potentiel allergène affecterait une personne sur sept. «Cette plante bénéficie de la hausse des températures, de l’augmentation du CO2 dans l’air et de la fréquence accrue des épisodes de fortes pluies pour proliférer de plus en plus vers le Nord», note-t-elle.

«Mais en faisant travailler ensemble chercheurs et décideurs publics, on obtient de bons résultats» ajoute-t-elle, en mentionnant une baisse de 50% des symptômes dans les endroits où l’on a ajouté une tonte supplémentaire au moment de la pollinisation.

Le prochain volet du 5e rapport du GIEC sera publié d’ici la fin du mois d’avril. Il portera sur l’atténuation des changements climatiques.

Quelques réactions au rapport:

  • «Le rapport démontre pourquoi les changements climatiques représentent un des enjeux fantômes de la campagne électorale en cours au Québec. Très peu de candidats en parlent, car il faudrait logiquement mettre en cause le tout au pétrole et le tout à l’automobile qui sont rois», a déclaré Alain Brunel, de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.
  • «Réduire la pollution au carbone rapidement et dès maintenant pourrait diminuer de moitié la facture des dommages dus aux changements climatiques», estime Steven Guilbeault, directeur principal d’Équiterre.
  • «Nos actions définiront la façon dont l’histoire nous jugera», a soutenu Kaisa Kosonen, de Greenpeace International

Il est possible de visionner la vidéo de la table ronde sur le site d’Ouranos.

 

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