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Rapport du GIEC: le Canada n'est pas à l'abri

Les Canadiens ne seront pas immunisés contre les impacts des changements climatiques, laisse croire le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts de l’Onu sur l’évolution du climat (GIEC).

Des scientifiques réputés soutiennent que le rapport, dévoilé dimanche au Japon, montre que des transformations sont en route et que les délais dans les actions pour parer à ces bouleversements ne font que réduire les solutions possibles.

Le rapport du GIEC s’attarde aux impacts des changements climatiques et aux façons de s’adapter à la nouvelle réalité. Il est le fruit du travail de plus de 2000 scientifiques et d’experts provenant de 70 pays.

«Nous n’avons plus la latitude de choisir entre atténuation et adaptation», a dit lundi Debra Davidson, une sociologue de l’Université de l’Alberta et auteure principale du rapport.

«Nous sommes déjà pris dans un scénario de réchauffement climatique pour lequel l’adaptation sera absolument nécessaire si nous voulons conserver une qualité de vie raisonnable», a affirmé Mme Davidson.

Le rapport soutient qu’un virage sera nécessaire dans les pratiques en agriculture. Bien que certaines études prédisent des conditions de récolte plus favorables dans des secteurs plus au nord, les perturbations en termes de précipitations de pluie et de neige causeront des problèmes, laisse-t-il entendre.

«Il y a toujours eu certaines prédictions prévoyant de meilleurs cultures dans certains secteurs, a dit John Smol, un biologiste de l’Université Queen’s en Ontario. Mais si l’augmentation de la fréquence des sécheresses se poursuit, quel sera le coût économique de dix ans de sécheresse?»

Certains lacs au Canada connaissent déjà une hausse de la prolifération d’algues à des niveaux qui ne peuvent être attribués au lessivage des terres cultivées, a-t-il fait valoir. Des menaces pèsent sur des espèces de poisson populaires comme la truite grise en raison des changements de tendance de dégel printanier et d’englacement hivernal.

Les inondations, aussi, pourraient représenter un enjeu au Canada, a prédit Andrew Weaver, député du Parti vert en Colombie-Britannique et auteur principal de versions précédentes du rapport. Le nombre et la valeur des réclamations d’assurance sont déjà en croissance marquée au Canada, a-t-il souligné.

Le rapport prévient que l’écosystème d’eau douce de la vaste forêt boréale qui s’étend presque d’un océan à l’autre est globalement menacé.

«Des degrés de changements climatiques associés à des scénarios d’émissions (de gaz à effet de serre) de moyens à élevés posent des risques élevés de bouleversements abruptes et irréversibles à l’échelle régionale dans la composition, la structure et les fonctions des écosystèmes d’eau douce et territoriaux», souligne-t-on.

Selon MM. Weaver et Smol, le rapport démontre que bon nombre de pratiques devront être revues au cours des prochaines décennies, telles que la gestion de l’eau, l’agriculture et la préparation aux désastres naturels.

M. Weaver a fait valoir que les Canadiens doivent se préparer dès maintenant à une augmentation de la demande d’eau potable de la part des États-Unis.

«Les projections sur le climat montrent qu’il y a beaucoup plus d’eau au Canada et beaucoup moins dans le sud aux États-Unis. (…) Il y aura des enjeux de transport de l’eau qui seront soulevés dans un avenir rapproché que nous le souhaitions ou non», a exprimé M. Weaver.

M. Smol a dit croire que l’ensemble des infrastructures du pays démontrent une vision de l’environnement naturel qui devient rapidement dépassée.

Des groupes environnementaux n’ont pas tardé à renouveler leur appel à l’action en se basant sur le nouveau rapport. Équiterre a soutenu que le GIEC «indique clairement que les coûts de l’inaction ou de l’action entreprise trop tard seront très élevés». Il a fait valoir la nécessité pour le Québec et le Canada d’avoir une stratégie énergétique basée sur la réduction de la dépendance au pétrole.

Selon l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), «la tendance actuelle des émissions de gaz à effet de serre bouleversera le climat à un point qui dépassera nos limites d’adaptation au cours de ce siècle».

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