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Sans-fil et santé: un comité publie son rapport

TORONTO – Les directives fédérales sur les niveaux d’exposition sécuritaires aux champs de radiofréquences émis par les cellulaires et autres appareils sans fil semblent globalement adéquates, mais les études pour clarifier le risque potentiel de cancer devraient être poursuivies, recommande un comité d’experts.

Le comité de la Société royale du Canada (SRC) a publié son rapport, mardi, à la suite de l’examen du Code de sécurité 6 de Santé Canada, qui établit les limites à l’exposition aux champs de radiofréquences, dans le but de protéger les travailleurs de la santé et la population en général.

Santé Canada avait demandé au comité d’experts de suggérer tout changement nécessaire aux directives fédérales, à la suite de l’examen des plus récentes recherches sur les effets indésirables sur la santé liés aux ondes des téléphones mobiles, des systèmes sans fil comme les routeurs ou les compteurs intelligents, des tours de téléphonie cellulaire et des antennes de radiodiffusion.

Selon Paul Demers, président du comité d’experts et directeur du Occupational Cancer Research Centre à Toronto, le comité conclut que le Code de sécurité était élaboré de manière à éviter «tout risque connu» des champs de radiofréquences, et qu’il n’est pas nécessaire à l’heure actuelle de mettre en place des mesures de précaution additionnelles.

Néanmoins, le comité de huit membres soutient que Santé Canada devrait poursuivre des recherches pour tenter de déterminer s’il y a un lien entre l’exposition aux champs de radiofréquences de dispositifs sans fil et des cas de cancer, car les études sur cette question ont donné des résultats divergents.

Dans le cadre de son examen, le comité d’experts a aussi entendu les avis d’un certain nombre de personnes se considérant hypersensibles aux émissions de radiofréquences, avec des symptômes cadrant dans une large catégorie appelée l’«intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques» (ou IEI-EMF).

Selon M. Demers, la détermination des causes exactes de ces symptômes devrait aussi constituer un «secteur prioritaire» de recherches.

M. Demers a souligné que bon nombre de personnes s’inquiètent aussi de l’exposition des enfants aux champs de radiofréquences. Les craintes incluent les effets possibles des émissions cellulaires sur les cerveaux encore en développement, des recherches ayant montré qu’environ un tiers des radiofréquences est absorbé par le crâne.

Canadiens pour une technologie sécuritaire (C4ST), une organisation à but non lucratif qui se donne comme mission d’éveiller les Canadiens et les politiciens quant aux risques de l’exposition à des niveaux non sécuritaire de radiofréquences, a réagi avec véhémence au rapport.

L’organisation a accusé le comité d’avoir un biais favorable aux acteurs de l’industrie du sans-fil et d’ignorer les données scientifiques prévenant des risques pour la santé.

«L’examen de la SRC est un exercice dispendieux corrompu par l’industrie et ainsi un gaspillage de l’argent des contribuables», a soutenu par communiqué le chef de la direction, Frank Clegg, qualifiant les conclusions du rapport de «douteuses à tout le moins».

Membre du comité d’experts et professeur de génie biologique à l’Université de la Pennsylvanie étudiant les impacts sur la santé des champs électromagnétiques, Ken Foster a affirmé que les études sur l’exposition humaine aux ondes des appareils sans-fil ont offert très peu de données pertinentes sur les effets biologiques.

«Il y a des preuves très fiables de l’ampleur des radiofréquences émises par ces appareils, et en fonction de ce que l’on sait et du cadre du Code de sécurité 6, nous pouvons affirmer que l’exposition est inférieure à un niveau qu’il serait raisonnable de juger risqué», a-t-il fait valoir.

«De là à prouver que l’usage du sans-fil ne cause pas d’effets sur la santé, il s’agit d’une question très complexe et peu de données sont disponibles en ce moment», a-t-il ajouté.

Franco Momoli, un épidémiologiste de l’Université d’Ottawa impliqué dans des recherches sur le cancer du cerveau, a dit croire qu’en fonction des données scientifiques disponibles, les restrictions du Code de sécurité 6 semblent adéquates, «plusieurs degrés en deçà d’un niveau qui ne serait pas sécuritaire».

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