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Loi pour mettre fin aux «boys club» en politique?

MONTRÉAL – Le Conseil du statut de la femme (CSF) espère relancer le débat sur la représentativité des femmes en politique. La rampe de lancement pourrait bien être le déclin du nombre de femmes élues à l’Assemblée nationale le 7 avril.

Selon la présidente de l’organisme, Julie Miville-Dechêne, il faut se poser des questions sur les mesures à prendre afin d’amener les formations politiques à accorder davantage de place aux femmes et à instaurer une forme de «tradition» à cet égard.

En février 2010, l’organisme avait produit un avis dans lequel il réitérait une recommandation datant de 2002 — celle de réformer la Loi électorale afin d’y inscrire des mesures incitatives visant l’atteinte du concept de «mixité égalitaire», dont le versement de primes aux partis qui font élire les femmes dans une proportion minimale de 30 pour cent.

Mais depuis, rien n’a changé — en fait, le nombre d’élues à l’Assemblée nationale a chuté de 6 pour cent par rapport au dernier scrutin provincial, en 2012, s’est désolée Mme Miville-Dechêne en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, mercredi.

«On était au stade, en 2010 (voire, en 2002), de dire: « Attention. Si on laisse les choses aller naturellement, cette progression est très lente, sinon inexistante », donc ça prend des mesures. Est-ce qu’il y aurait lieu, en 2014, de réfléchir à nouveau là-dessus? Je vous avoue que je réfléchis beaucoup», a-t-elle laissé tomber.

Avant le déclenchement des élections, les femmes comptaient pour près de 33 pour cent des parlementaires. Elles ne seront plus que 27 pour cent au Salon bleu, soit 34 femmes sur 125 élus. En 2012, elles étaient 41.

Et alors que le premier ministre élu Philippe Couillard et ses conseillers s’affairent à former le prochain Conseil des ministres avec un nombre restreint de femmes — elles sont seulement 18 sur un total de 70 députés libéraux, soit 26 pour cent —, la question a été relancée mercredi: faut-il légiférer pour corriger la situation?

Le CSF s’interroge, reconnaît sa présidente.

«À un moment donné, s’il n’y a rien qui marche, c’est sûr que les grands moyens (les réformes législatives) sont la solution ultime pour faire changer les choses», a-t-elle affirmé à l’autre bout du fil.

Les auteures Martine Delvaux et Pascale Navarro, elles, ont clairement fait leur nid: il faut préconiser une approche législative contraignante pour corriger le tir.

«Beaucoup de gens y résistent en disant que si on laisse les femmes tranquillement s’accoutumer au pouvoir, elles vont finir par se présenter à égalité, mais on a la preuve que ce n’est pas vrai. Le naturel ne favorise pas les femmes. Ça prend des dispositions», a fait valoir Mme Navarro.

Et il ne faut pas s’attendre à ce que les formations politiques ou l’État s’autodisciplinent, selon elle, car ils ne le feront pas.

En campagne électorale, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, avait refusé de s’engager à instaurer la parité au sein d’un hypothétique conseil des ministres, plaidant que les députés devraient être sélectionnés d’abord et avant tout en fonction de leur compétence.

Pascale Navarro balaie l’argument de la compétence du revers de la main et invite tout simplement les leaders à «faire leurs devoirs».

«Allez les chercher, les femmes compétentes, parce qu’il y en a. Il s’agit juste d’aller les chercher, a-t-elle martelé. Parce que je m’excuse, des hommes incompétents, il y en a. On en a vu des candidats de la CAQ incompétents!»

Il serait simpliste de pointer du doigt exclusivement les partis politiques pour expliquer le phénomène. Car pour toutes sortes de raisons, les femmes ne se bousculent pas au portillon pour s’afficher sur un poteau.

«La difficulté de recrutement des femmes est un phénomène réel. On peut dire que c’est à cause de la société, mais il faut aussi que les femmes elles-mêmes se lancent», a convenu Mme Miville-Dechêne.

S’il n’y a pas parité entre les hauts dirigeants politiques féminins et masculins, c’est possiblement parce que les jeunes femmes qui aspirent à une carrière dans ce domaine manquent de modèles, avait suggéré Caroline Andrew, directrice du Centre d’études en gouvernance à l’Université d’Ottawa, quelques jours avant l’élection de Pauline Marois, le 4 septembre 2012.

Mme Marois a livré mercredi son discours d’adieu à Québec, après la déconfiture de son parti aux élections de la semaine dernière.

Lorsqu’un journaliste lui a demandé si son départ pourrait avoir un effet dissuasif pour les jeunes femmes qui voudraient se lancer dans l’arène politique, elle a voulu se montrer optimiste.

La première femme à accéder au poste de premier ministre du Québec a dit qu’elle était «confiante en l’avenir» et ajouté qu’elle serait présente pour accompagner celles qui voudraient se présenter.

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