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Travailleurs étrangers: Jason Kenney agit

McDonald's
Des restaurants McDonald's à Montréal rapporte des cas de coronavirus. Photo: Archives | Métro

OTTAWA – Le ministre canadien de l’Emploi Jason Kenney a agi, jeudi, dans le dossier du controversé programme fédéral des travailleurs étrangers temporaires, en en interdisant l’accès au secteur des services de restauration.

Quelques heures après que l’Institut C.D. Howe eut affirmé que le programme aurait contribué à une hausse du chômage en Colombie-Britannique et en Alberta — des bastions du Parti conservateur — M. Kenney a annoncé le moratoire surprise.

Cette décision a été annoncée malgré le fait que M. Kenney, au cours des dernières semaines, ait déclaré que seules quelques entreprises faisaient une utilisation abusive du programme.

Le ministre avait aussi maintes fois promis qu’il sévirait à l’endroit des fautifs, allant même jusqu’à envisager le dépôt d’accusations de fraude, si nécessaire.

Dans un communiqué dans lequel il confirme le moratoire, M. Kenney ajoute que son ministère ne traitera plus les demandes d’avis relatifs au marché du travail pour le secteur des services de restauration, qu’il s’agisse de nouvelles demandes ou de demandes en cours.

Le moratoire restera en vigueur jusqu’à la fin de l’examen du Programme des travailleurs étrangers temporaires qui est en cours, précise aussi le communiqué.

«Le gouvernement a été clair : les Canadiens doivent être prioritaires lorsque des emplois sont offerts. Nous avons prévenu les employeurs à plusieurs reprises : le Programme des travailleurs étrangers temporaires ne doit être utilisé qu’en dernier recours lorsqu’on ne trouve pas de travailleurs canadiens pour les emplois offerts», a déclaré M. Kenney.

Mais le syndicat des Métallos a réagi tièdement à l’annonce, jeudi soir.

«Je ne crois pas qu’il va assez loin, a déclaré Stephen Hunt, directeur du syndicat pour l’Ouest canadien. Il ne s’agit que d’un autre pansement que le gouvernement veut poser sur ce programme.»

Des centaines d’entreprises canadiennes et ministères gouvernementaux se tournent vers des travailleurs étrangers temporaires, selon des données calculées par le ministère de M. Kenney. Mais depuis l’arrivée au pouvoir du Parti conservateur, on observe un nombre de plus en plus grand d’hôtels et de restaurants ayant accès au programme.

Sur la sellette en Colombie-Britannique, le géant de la restauration rapide McDonald’s a annoncé mercredi la suspension de sa participation au programme fédéral, durant la réalisation d’un examen externe du dossier.

L’étude de l’Institut C.D. Howe, un organisme non partisan, soutient que des changements au programme, apportés entre 2002 et 2013, ont facilité l’embauche de travailleurs étrangers temporaires, et ainsi contribué à un bond du taux de chômage en Alberta et en Colombie-Britannique pendant cette période.

Le rapport ajoute que l’assouplissement des règles s’est fait en l’absence de preuves empiriques de pénuries de main d’oeuvre dans plusieurs secteurs. Ce sont ces pénuries qui sont invoquées par les employeurs pour pouvoir faire appel à des travailleurs étrangers temporaires dans certains secteurs.

Le gouvernement a depuis resserré les règles mais des cas présumés de recours abusif aux travailleurs étrangers temporaires ont fait surface au cours des derniers mois.

En réaction au rapport de C.D. Howe, une porte-parole de M. Kenney avait cité, plus tôt jeudi, des données de Statistique Canada qui montreraient que l’impact des travailleurs étrangers temporaires sur l’emploi a été négligeable — 2,0 pour cent de la main d’oeuvre totale, selon elle.

Le rapport affirme que la révision du programme par le gouvernement en 2013 était souhaitée mais probablement insuffisante, étant donné le manque de données solides sur l’état du marché de l’emploi au Canada.

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