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Empress of Ireland: épave étudiée par Parcs Canada

MONTRÉAL – Le 29 mai 1914 a eu lieu le naufrage du navire Empress of Ireland au coeur du Saint-Laurent, près de Rimouski, une tragédie ayant causé la mort de 1012 des 1477 personnes à son bord.

Hommes, femmes et enfants, passagers et membres d’équipage, la majeure partie de ceux qui espéraient se rendre à Liverpool, en Angleterre, ont coulé avec le navire. Le naufrage — causé par une collision avec un charbonnier —n’a duré que 14 minutes.

Cent ans après la catastrophe, une première étude archéologique ciblée et systématique de l’épave et de son champ de débris sera organisée par le Service d’archéologie subaquatique de Parcs Canada.

Une équipe de sept archéologues-plongeurs participera à cette mission en deux volets qui s’amorcera le 20 mai.

La première étape, qui se poursuivra jusqu’au 2 juin, consistera en un volet de télédétection sur l’épave et le champ de débris autour de l’épave.

«L’idée est d’utiliser des sonars latéraux et un magnétomètre pour faire une cartographie du fond de l’épave, mais aussi dans la zone l’entourant, de manière à mieux comprendre la séquence du naufrage, comment le site s’est créé, comment le navire a coulé, quels débris sont tombés à chacune des étapes», explique l’archéologue subaquatique de Parcs Canada, Charles Dagneau, qui dirige le projet.

Un deuxième volet, du 8 au 30 juillet, verra l’équipe aller plonger directement sur le site en scaphandre autonome. Les archéologues s’attarderont alors à l’épave elle-même et à certains de ses éléments en particulier, comme ce trou de dynamite qu’ont dû faire les scaphandriers chargés de récupérer les cadavres et certains biens de valeur après le naufrage, pour accéder aux cales du navire.

«Cette année, c’est un peu particulier parce qu’on déploie pour la première fois deux instruments qu’on vient d’acheter: un ROV (remotely operated vehicle), un véhicule téléguidé sous-marin; et un drone sous-marin téléguidé. Celui-là n’est relié à la surface d’aucune manière», annonce M. Dagneau.

L’archéologue croit que l’opération pourrait permettre de découvrir des surprises intéressantes, notamment dans la première phase, qui s’intéresse à des aspects n’ayant pas encore été étudiés.

«Personne ne s’est attardé encore à voir s’il y avait des débris de la collision de l’Empress of Ireland avec le charbonnier Storstad en 1914, ni des débris liés au fait que le navire s’est renversé, a chaviré, avant de couler. Il y a eu 14 minutes entre la collision et le naufrage à proprement dit de l’épave et donc durant ces 14 minutes-là, les navires ont dérivé en surface et des débris sont tombés», raconte le chef de projet.

La deuxième phase du projet pourrait quant à elle permettre d’étudier, par exemple, l’état de dégradation de l’épave et l’impact qu’ont eu jusqu’ici les plongées récréatives sur le site (l’épave de l’Empress of Ireland est classée bien historique et archéologique depuis le 15 avril 1999. Les plongeurs y sont les bienvenus à condition de respecter certaines règles).

Le site de l’Empress of Ireland, au large de Pointe-au-Père, est considéré comme un lieu de plongée difficile, pouvant comporter certains dangers. Et les conditions météorologiques peuvent venir brouiller les cartes de tous ceux qui souhaitent s’y rendre.

Charles Dagneau prévoit d’ailleurs qu’il perdra environ un tiers des journées prévues d’opération à cause de la météo.

«Lorsque les plongeurs vont à l’eau, il faut que ce soit sécuritaire. S’il y a trop de vagues, trop de vents, on ne peut pas travailler dans ces conditions-là», dit-il.

«On fait face à une épave qui est quand même assez profonde, entre 30 et 45 mètres de profondeur. On est à la limite de la plongée en scaphandre autonome et il y a peu de visibilité, il y a des courants assez forts, l’eau est froide, donc l’ensemble de ces facteurs font que l’épave de l’Empress of Ireland pose un défi vraiment particulier pour la pratique de la plongée sous-marine et pour notre travail comme archéologues sous-marins», ajoute-t-il.

L’opération de cette année ne sera probablement pas la seule pour l’équipe, qui espère retourner sur le site pour poursuivre son travail l’an prochain.

«L’Empress of Ireland est un navire de 550 pieds de long. Donc ça va prendre plus que quelques plongées pour bien comprendre le navire et les dynamiques qui l’affectent», conclut M. Dagneau.

En plus de souligner le 100e anniversaire du naufrage, le service d’archéologie subaquatique de Parcs Canada célébrera par ailleurs cette année son 50e anniversaire, avec la présentation, cet été, d’une exposition temporaire intitulée «Plongez dans votre histoire! 50 ans d’archéologie subaquatique à Parcs Canada». Elle se tiendra à la Maison du gardien de phare de Pointe-au-Père, près de Rimouski.

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