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Exploiter son propre pétrole pour mieux contrôler sa production

Photo: Archives Métro

Le Québec aurait intérêt à exploiter son propre pétrole afin de mieux contrôler sa production, croit un chercheur invité mardi à un débat sur la question à la Maison du développement durable.

Le chercheur en question, Pierre-Olivier Pineau, est professeur titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie des HEC. Il était invité, avec Steven Guilbeault, fondateur d’Équiterre, et Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec, à débattre de la faisabilité ou non d’exploiter un pétrole «made in Québec» et de réduire en même temps les émissions de gaz à effet de serre (GES).

«À partir du moment où l’on admet notre dépendance au pétrole et que cela durera encore pour quelques dizaines d’années, peut-être vaudrait-il mieux le produire chez nous, si cela est viable économiquement, et s’assurer que cela se fait en respectant des règles environnementales strictes», a déclaré M. Pineau, en dressant un parallèle avec la légalisation de la marijuana qui permet de mieux contrôler sa qualité.

Actuellement, le Québec dépense 14G$ par an pour combler sa dépendance au pétrole. Un pétrole majoritairement importé d’Algérie. «Dans un contexte de déficit public, de niveau élevé de taxation et de vieillissement de la population, exploiter nos hydrocarbures permettrait de garantir des revenus pour financer nos projets tout en sécurisant nos sources d’approvisionnement», a déclaré le président du Conseil du patronat, M. Dorval.

Pas de quoi convaincre Steven Guilbeault. «Avec le système de redevances actuelles, l’État ne gagne que quelques millions par an grâce à l’exploitation des forêts et environ 200M$ avec les mines. C’est peu par rapport aux besoins annuels de 1G$ pour le transport en commun», a-t-il rétorqué. Selon Équiterre, le Québec devrait plutôt tenter de réduire sa consommation de pétrole de 60% d’ici 2030 et «arrêter de ne penser qu’à ses intérêts propres pour plutôt raisonner à l’échelle de la collectivité planétaire».

Mais selon Pierre-Olivier Pineau, le réel problème n’est pas l’exploitation du pétrole (même de schiste), qui ne compterait que pour 15% des émissions de GES. «Le vrai problème, c’est la combustion de ce pétrole, à cause de nos autos. Or, la population ne suit pas. Elle achète de plus en plus de VUS et de camionnettes et continue de s’installer en dehors des grands centres urbains. Il faut travailler notre égo», a-t-il martelé.

Dans l’attente de la position officielle du gouvernement Couillard concernant l’exploration pétrolière au Québec, plusieurs groupes écologistes pressent le premier ministre à tenir un débat public. Ils ont été en partie entendus, car ce dernier a promis dans son discours inaugural «d’amorcer une véritable et rigoureuse évaluation environnementale stratégique de l’ensemble de la filière des hydrocarbures». À moins que cela n’ouvre la porte à la fin du moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste, comme certains le redoutent.

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