Soutenez

Couillard remet en question La Romaine

BRETTON WOODS, États-Unis – Le premier ministre Philippe Couillard a laissé planer un doute, lundi, sur le parachèvement des dernières phases d’un vaste projet de complexe hydroélectrique sur la Côte-Nord.

M. Couillard a affirmé qu’il faut d’abord terminer les phases 1 et 2 en cours actuellement sur la rivière La Romaine, avant de décider si les phases 3 et 4 peuvent aller de l’avant.

«Pour développer les prochaines phases, on n’est pas là encore, on va finir ce qui est en cours actuellement», a-t-il dit.

Lancé par l’ancien premier ministre libéral Jean Charest, le complexe de La Romaine prévoit la construction de quatre centrales d’ici 2020, au coût de 6,5 milliards $.

L’hiver dernier, un rapport commandé par le précédent gouvernement péquiste recommandait de suspendre des investissements dans le barrage de La Romaine-3 et de La Romaine-4, en raison des surplus d’électricité, qui engendreront des pertes de 1,2 milliard $ à Hydro-Québec d’ici 2017. Ces pertes doivent s’élever à 2 milliards $ en 2025.

Lors d’un point de presse en marge d’une conférence au New Hampshire, M. Couillard a affirmé que les surplus d’électricité constituent une occasion de développer l’économie en attirant de nouvelles entreprises.

«Il y a beaucoup d’entreprises énergivores qui sont intéressées à s’implanter dans un endroit qui dispose d’une électricité propre et renouvelable, c’est un actif important pour le Québec, a-t-il dit. Je ne suis pas d’accord avec ceux ou celles disent qu’on a un problème de surplus. On n’a pas un problème, on a un avantage énorme que le monde entier nous envie.»

M. Couillard a néanmoins laissé planer un doute sur les phases 3 et 4, ce que le Parti québécois n’avait pas fait.

«On va les évaluer et on va voir justement quel est le besoin dans les deux secteurs», a-t-il ajouté.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, et le ministre de l’Économie, Jacques Daoust, vont élaborer une stratégie pour déterminer si les surplus doivent servir au développement économique du Québec ou à l’exportation, ce qui permettra également de prendre une décision concernant les phases finales de La Romaine, a expliqué le premier ministre.

«On va étudier ça avec Hydro-Québec, ça va faire partie de nos réflexions», a-t-il dit.

En février dernier, l’ex-ministre péquiste des Ressources naturelles, Martine Ouellet, avait affirmé que le projet était trop avancé pour être stoppé.

«Ça fait déjà plusieurs années que c’est commencé, il y a beaucoup d’argent qui a déjà été investi, avait-elle dit. Il y a des phases qui sont déjà presque terminées, et ces phases s’imbriquent les unes dans les autres et même pour la phase 4 l’infrastructure de base est déjà en place.»

Selon un échéancier d’Hydro-Québec, les travaux de La Romaine-3 ont commencé en 2012, tandis que ceux de La Romaine-4 doivent débuter en 2016.

À ses homologues des États de la Nouvelle-Angleterre avec qui il a participé à une rencontre sur le thème de l’énergie, M. Couillard a rappelé que le Québec est disposé à les approvisionner en hydroélectricité.

M. Couillard leur a cependant déclaré que les représentants québécois ne s’immisceront pas dans le débat en cours sur la construction de nouvelles lignes de transport, qui suscite l’opposition, notamment au New Hampshire, où il a participé à une conférence.

«Le Québec n’a aucune intention de se mêler des débats politiques internes à la Nouvelle-Angleterre quant à la façon de régler ses défis, a-t-il dit en prenant la parole lors d’une plénière. J’aimerais cependant vous indiquer que votre ami et votre voisin au nord est le quatrième producteur mondial d’hydroélectricité et d’énergie propre, renouvelable et certainement disponible.»

Hydro-Québec, qui réalise déjà 50 pour cent de ses exportations en Nouvelle-Angleterre, profiterait de la construction de nouvelles infrastructures de transport, des projets menés par des promoteurs.

Dès l’ouverture lundi d’une réunion des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada, le gouverneur du Connecticut, Dannel Malloy, a mis la table pour M. Couillard.

Les dépenses supplémentaires causées par les températures glaciales de l’hiver dernier sont équivalentes au coût de construction de deux lignes de transport d’hydroélectricité, a dit M. Malloy dans une salle de l’hôtel où s’est déroulé l’événement, dans les Montagnes Blanches.

«Nous allons devoir aller au-delà de nos frontières et de celles de la Nouvelle-Angleterre pour résoudre nos problèmes d’approvisionnement en énergie», a-t-il dit.

Au New Hampshire, le projet de ligne Northern Pass coûterait 1,4 milliard $ US pour relier le Québec au New Hampshire, avec une capacité de transport de 1200 MW.

Lors de la conférence de presse de clôture de la rencontre, la gouverneure du New Hampshire, Maggie Hassan, a expliqué que les résidants de son État craignent que les lignes de transport nuisent au tourisme, deuxième source de revenus du New Hampshire.

«Le projet Northern Pass a suscité beaucoup d’inquiétude dans la population, qui craint que cela entraîne des pertes d’emplois ou des modifications à son mode de vie ou aux ressources naturelles et à la beauté de la nature qui nous entoure», a-t-elle dit.

Présent à Bretton Woods, le président-directeur général d’Hydro-Québec, Thierry Vandal, a affirmé que malgré les réticences envers ce projet, beaucoup de progrès ont été accomplis au cours des derniers mois.

Tout comme le Vermont l’a fait avant, le Rhode Island et le Connecticut ont voté des lois qui reconnaissent le caractère renouvelable de l’hydroélectricité, une étape vers laquelle le Massachusetts s’est engagé, ce qui facilite l’achat de l’électricité québécoise.

«Il y a clairement une avancée que l’on voit au niveau de la reconnaissance de la grande hydraulique», a dit M. Vandal.

Mais le Québec n’est pas le seul à vouloir se positionner davantage sur le marché du nord-est américain.

Le premier ministre de Terre-Neuve et Labrador, Tom Marshall, était également présent pour faire valoir le potentiel d’exportation du projet de Muskrat Falls, en construction, dont les éventuelles exportations dépendent aussi de la construction d’une ligne de transport entre la Nouvelle-Écosse et le Maine.

«Nous parlons avec les provinces du Québec et de la Nouvelle-Écosse pour acheminer cette électricité aux juridictions qui souhaitent avoir de l’énergie propre», a-t-il dit.

Un autre projet de ligne de transport, New England Power Link, permettrait à Hydro-Québec d’acheminer sa production au Vermont, tandis qu’un autre, Champlain Express, cible plutôt l’État de New York.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.