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Les autorités américaines créent des terroristes

WASHINGTON – L’application renforcée des lois américaines ne fait pas qu’enrayer les suspects de terrorisme, elle en crée également, indique un nouveau rapport de Human Rights Watch.

Une étude de l’observatoire des droits humains accuse les services de police de mener des opérations d’infiltration dynamiques lorsqu’ils trouvent des suspects correspondants au profil type d’un terroriste. Ils préparent des plans d’attaque, les forcent à s’y impliquer, leur fournissent même le matériel si nécessaire et les arrêtent ensuite.

L’étude s’est intéressée aux changements apportés aux tactiques policières depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001, une époque où l’on tente d’intervenir avant même que les crimes ne soient commis.

Le climat d’urgence a incité les autorités à dépasser les limites morales, selon l’étude de 212 pages intitulée Illusion of Justice: Human Rights Abuses in U.S. Terrorism Prosecutions (Illusion de la justice: Les abus des droits humains dans les poursuites terroristes américaines).

«Le FBI a probablement créé des terroristes à partir de personnes tout à fait respectueuses des lois», peut-on lire dans le rapport publié lundi.

«Dans plusieurs des opérations d’infiltration que nous avons analysées, les informateurs et les agents infiltrés ont soigneusement jeté les bases d’une attaque terroriste et ont ensuite fourni des cibles avec une gamme d’options ainsi que les armes nécessaires pour mener l’attaque à terme.

«Au lieu d’amorcer l’infiltration au moment où le suspect semble intéressé à commettre un acte illégal, plusieurs opérations ont facilité ou tout simplement inventé le désir d’agir du suspect avant de lui présenter l’occasion de le faire.»

L’étude avait pour but d’analyser les tactiques policières qui ont mené à près de 500 condamnations pour terrorisme aux États-Unis depuis le 11 septembre 2001. Citant des études précédentes, le rapport soutient que la moitié des cas ont nécessité la présence d’un informateur et que celui-ci a joué un rôle actif dans 30 pour cent des cas.

Les auteurs ont interrogé 215 personnes reliées à 27 cas de terrorisme survenus en territoire américain. L’étude démontre que quelques personnes ciblées souffrent de troubles mentaux ou de problèmes financiers et qu’ils se voient offrir la motivation et les moyens de commettre des crimes auxquels ils n’auraient jamais pensé. Dans deux de ces cas, les suspects ont même reçu de l’argent pour participer au plan.

Le rapport cite un juge de New York qui a déjà dit d’un suspect en particulier que seul le gouvernement avait pu réussir à en faire un terroriste.

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