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Les insectes à la conquête de votre assiette

Photo: Métro

L’insecte pourrait devenir l’aliment du futur selon les Nations unies. Une affirmation qui sera certainement discutée à Montréal, à la fin du mois d’août, lors du premier congrès international de l’entomophagie en Amérique du Nord, qui risque de faire beaucoup jaser (et saliver). État des lieux d’une option écologique qui peine encore à convaincre les Québécois.

Au Québec, les agriculteurs qui commercialisent des insectes se comptent sur les doigts d’une seule main et même possiblement sur un seul doigt! Depuis quelques mois, Marie-Loup Tremblay, une ancienne triathlète professionnelle, tente l’aventure après avoir créé son entreprise, uKa Protéine.

«À un moment dans ma carrière, je cherchais à améliorer mon alimentation sans passer par des suppléments alimentaires. C’est lors de voyages que j’ai découvert les vertus bénéfiques des insectes, mais ça m’a pris trois ans avant d’être capable de l’avouer, notamment à cause de la stigmatisation», raconte la jeune femme de 34 ans.

Alors qu’une poitrine de poulet contient en moyenne 26% de protéines, un grillon en contient généralement 52%. «On trouve dans les insectes 22 acides aminés, dont les 9 essentiels, beaucoup de calcium, du potassium, du phosphore, beaucoup de cuivre et de zinc et de la chitine qui pourrait aider à faire diminuer le taux de cholestérol dans le sang», ajoute la jeune entrepreneure.

Pour produire les succulentes barres santé qu’elle vend sur l’internet, Marie-Loup Tremblay s’approvisionne en larves de ténébrions meunier (vers à farine) et en grillons essentiellement aux Pays-Bas. Mais comme elle veut contrôler la qualité de ses produits et réduire les coûts de transport qui font doubler le prix d’achat des insectes, elle a entamé tout récemment sa propre production.

Dans sa ferme, qui mesure six pieds carrés, on trouve actuellement 3000 larves de ténébrions nourries aux légumes biologiques qui, d’ici 12 semaines, seront devenues de petits scarabées capables d’avoir une nouvelle progéniture. C’est cette dernière, plus tendre, qui sera ensuite nourrie, sevrée, gelée puis déshydratée pour être ensuite cuisinée. «Quand je maîtriserai bien les ténébrions, on passera aux grillons», indique la jeune femme, qui compte avoir une ferme capable de lui fournir deux à quatre kilos d’insectes par mois.

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Selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les insectes sont l’un des éléments qui permettraient de réduire l’insécurité alimentaire, alors que la planète comptera 9 milliards d’humains en 2030. La FAO note que les insectes, contrairement aux autres animaux tels que le bœuf, le porc ou la volaille, ne contribuent pas à la déforestation, à la pollution des eaux ou aux émissions de Co2.

«Mais il reste beaucoup de recherche à faire pour identifier les meilleures espèces, les bonnes méthodes de production intensive et de transformation pour une utilisation optimale des insectes par l’industrie agroalimentaire», estime Anne Charpentier, directrice de l’Insectarium de Montréal.

Aux réticents qui sont légion en Amérique du Nord et en Europe, Mme Charpentier suggère de s’inscrire au congrès sur l’entomophagie, qui aura lieu du 26 au 28 août. «Ce n’est pas seulement un congrès scientifique. En marge de celui-ci, il y aura un volet dégustation à la terrasse du restaurant du Jardin botanique où l’on pourra déguster des sushis de crickets tempura ou des ténébrions chocolatés tous les jeudi du mois d’août», lance-t-elle, comme un défi.

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Les insectes les plus consommés:
Environ 2 milliards d’humains consomment des insectes parmi les 1900 espèces comestibles. Les plus populaires sont:

  • Coléoptères : 31%
  • Chenilles : 18%
  • Abeilles, guêpes, fourmis : 14%
  • Sauterelles, criquets, grillons : 13%

Des fermes chez soi

La production d’insectes comestibles peut très bien être réalisée directement chez soi. L’un des projets les plus imaginatifs vient d’un étudiant de l’Université McGill, Jakub Dzamba, qui a imaginé un incubateur à crickets «capable de fournir 300 grammes de crickets tous les deux mois», explique-t-il.

La production peut aussi servir à produire une farine de substitution, relâchant ainsi la pression humaine mise sur les terres arables dans certains pays d’Afrique ou d’Asie.

Construit en plexiglass, l’incubateur est composé de deux modules et de tiroirs permettant de nourrir les insectes et de nettoyer les modules sans risquer qu’ils ne s’échappent. L’étudiant a même mis sur YouTube tous les détails techniques de l’appareil pour permettre à qui le souhaite de s’en fabriquer un lui-même.

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De son côté, la hollandaise Katherina Unger a créé une unité de production de larves de mouches. Sur son site internet, elle souligne que déjà le tiers des terres agricoles servent à nourrir des animaux qui termineront dans l’assiette des humains. «D’ici 2050, il faudra avoir trouvé des façons de se nourrir plus durables», écrit la designer industriel.

usine à mouches

Sa Ferme 432 est nommée en référence au nombre d’heures nécessaires pour que les mouches pondent et que leurs larves arrivent à maturité. Après 432 heures, 1 gramme d’oeufs de mouche soldat noire se transforme en 2,4 kg de protéines de larves prêtes à manger», explique-t-elle.

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