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Actes médicaux: la FIQ revient à la charge

MONTRÉAL – La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) exhorte le gouvernement à exercer des pressions pour convaincre le milieu médical d’accorder davantage de pouvoir aux infirmières et autres professionnels de la santé en vertu d’une loi remontant à 2002. Une sortie qui étonne le Collège des médecins du Québec.

Le syndicat déplore que depuis l’adoption du projet de loi 90, qui permet à ses membres d’élargir leur champ d’action, la situation n’a guère progressé sur le terrain.

La FIQ accuse les gouvernements successifs de s’être «traînés les pieds» et demande à celui de Philippe Couillard, qui doit composer avec une situation financière précaire, de corriger le tir.

«Le déploiement d’ordonnances collectives permettrait au gouvernement d’économiser beaucoup d’argent. Un plus grand nombre d’actes médicaux réalisés par des professionnelles en soins c’est autant d’actes médicaux qui ne seraient pas facturés par les médecins», a plaidé Régine Laurent, présidente de l’organisation syndicale.

Et «avant que le gouvernement fasse des coupures aveugles (appréhendées par la FIQ) dans le réseau de la santé, on lui demande de regarder dans sa cour, c’est-à-dire d’avoir le leadership et la cohérence pour faire appliquer cette loi-là», a-t-elle ajouté.

La loi adoptée sous le gouvernement péquiste de Bernard Landry en juin 2002 établit un cadre autorisant des professionnels autres que les médecins à exercer certaines activités médicales — procéder à des tests diagnostiques, administrer des médicaments ou encore effectuer des traitements, entre autres.

Son application passe par le déploiement d’ordonnances collectives, que des médecins donnent à des professionnels — infirmières, inhalothérapeutes, etc. — afin que ceux-ci aient l’autorisation de procéder à des actes autrefois réservés aux médecins.

Or, selon Régine Laurent, «la résistance dans le milieu (de la santé) est telle qu’elles (les ordonnances collectives) sont à peu près inexistantes dans plusieurs établissements de santé au Québec».

S’il y a effectivement une résistance, elle ne vient certainement pas des médecins, a assuré le président du Collège des médecins du Québec (CMQ), le docteur Charles Bernard, qui a semblé surpris non seulement des propos tenus par la présidente de la FIQ, mais aussi du moment qu’elle a choisi pour le faire.

«Mme Laurent se réveille. Je ne sais pas où elle était dans les deux ou trois dernières années. Je ne sais pas pourquoi elle fait une sortie là-dessus», a-t-il laissé tomber, rappelant que son organisation et celle de la leader syndicale avaient fait en mars 2013 une sortie conjointe avec le ministre de la Santé de l’époque, Réjean Hébert, pour annoncer l’entrée en vigueur de quatre ordonnances collectives nationales.

«Le Collège des médecins est très, très favorable aux ordonnances collectives, on en fait la promotion. La question qu’il faut poser, c’est: ‘Est-ce que c’est sous-utilisé?’. La réponse, c’est oui», a reconnu le docteur Bernard.

À l’heure actuelle, il existe cinq situations cliniques appliquées à l’échelle de la province: l’anticoagulothérapie, le diabète, l’hypertension artérielle, la dyslipidémie et les inhibiteurs de la pompe à protons. Celles-ci ont été élaborées et sont hébergées par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).

Le ministère de la Santé semble partager l’avis de la FIQ et du CDM. Un financement sera d’ailleurs prochainement accordé à l’INESSS pour lui permettre d’embaucher des ressources humaines afin d’accélérer la cadence, a soutenu Joanne Beauvais, porte-parole du ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

«On a commencé à mettre en place en juin dernier une stratégie pour accélérer le processus. Le but, c’est de faire 10 à 12 nouvelles ordonnances collectives par année le plus rapidement possible, toujours dans l’optique d’optimiser le système», a-t-elle précisé.

Il ne faut par ailleurs pas oublier qu’il existe un tas d’autres ordonnances collectives «sur mesure» disséminées dans divers centres hospitaliers et établissements de santé, a tenu à préciser le docteur Bernard.

Et à ses yeux, il s’agit d’une richesse plutôt que d’une tare. «Il y a des choses qui peuvent être faites à l’échelle nationale parce que c’est la même pathologie, mais il y a des ordonnances qui peuvent être faites dans des régions pour des services particuliers, par exemple pour un petit centre hospitalier qui ne travaille pas comme un grand hôpital», a-t-il exposé.

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