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Les orphelins de Duplessis remontent aux barricades

Lucien Landry Photo: Archives Métro

Le Comité de défense des orphelins de Duplessis veut revoir les conditions d’indemnisation établies avec le gouvernement québécois il y a près de 15 ans.

La victoire récente en cour des victimes de pères rédemptoristes a ravivé des blessures non guéries chez plusieurs orphelins de Duplessis. «On a reçu des appels de plusieurs d’entre eux qui voient ce qui se passent dans des dossiers similaires et se demandent pourquoi on n’a eu que des miettes», clame Lucien Landry, président du Comité des orphelins de Duplessis victimes d’abus (CODVA).

Au début des années 2000, le gouvernement dirigé par le Parti québécois avait conclu un processus de dédommagement financier afin de compenser les milliers d’orphelins de Duplessis, qui jusque dans les années 1960 avaient été injustement déclarés débiles mentaux, afin que les établissements qui les hébergeaient touchent de plus importantes subventions fédérales. Plusieurs d’entre eux vécurent là-bas entre mauvais traitements quotidiens et sévices sexuels.

Les orphelins indemnisés ont reçu en moyenne 19 000$ en échange de la signature d’une quittance les empêchant de poursuivre les autorités politiques, religieuses ou médicales impliquées dans le dossier. C’est environ 30% de moins que ce que devraient toucher les victimes des pensionnats autochtones et environ quatre fois moins que ce que pourraient toucher les victimes des pères rédemptoristes.

«Ce programme de réconciliation n’a rien réglé», clame M. Landry, qui souhaite rouvrir l’entente. «On se demande notamment si le gouvernement québécois peut nous empêcher de poursuivre au criminel alors que c’est de juridiction fédérale», indique M. Landry.

L’année dernière, l’organisme qu’il préside avait demandé un avis juridique à la clinique Juripop de l’Estrie. Si l’avocate qui a rédigé l’avis, Valérie Lessard, convient que les poursuites au criminel seraient envisageables, elle souligne toutefois que les comparaisons avec d’autres dossiers comme celui des Amérindiens ne peuvent être faites.

Elle conclut en écrivant: «Pour atteindre les buts recherchés dans ce dossier, il faut aller à la source des pouvoirs juridiques, soit le Politique … Le seul problème qui vous fait obstacle est le temps et le désir du gouvernement d’éviter toute dépense économique. Malheureusement, la voie juridique ne peut forcer les buts que vous recherchez», écrit-elle.

Dans les années 1991 et 1992, près de 321 dossiers de plaintes avaient été étudiés par la Direction générale des affaires criminelles et pénales du ministère de la Justice. «Les éléments de preuve contenus dans chacun des dossiers d’enquête policière ne rencontraient pas les critères nécessaires pour permettre de porter des accusations criminelles», avait à l’époque déclaré le ministre de la Justice, Paul Bégin.

M. Landry croit que les allégations des orphelins de Duplessis seraient prises bien plus au sérieux aujourd’hui dans un contexte où les affaires de pédophilie chez les prêtres se sont multipliées. «Mais encore faut-il qu’on nous donne à nous aussi le droit à la justice et à des excuses officielles», lance-t-il en rappelant que l’épiscopat québécois n’a toujours pas offert les siennes.

«La quittance est conforme aux principe de droit général», affirme un porte-parole du ministère, qui précise que les orphelins qui ne se sont pas prévalus des sommes inscrites au programme gardent leur droit de poursuite au civil.

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