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Dur d'embaucher dans les PME, dit la FCEI

Julien Arsenault - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – L’augmentation des salaires est insuffisante pour combler les pénuries de main-d’oeuvre, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui exhorte Ottawa à repenser son Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).

Au cours du premier trimestre de l’exercice 2014, quelque 312 000 postes étaient toujours à combler au sein des petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes, selon le rapport «postes à pourvoir» dévoilé lundi par l’organisme qui représente 109 000 compagnies — dont 24 000 au Québec.

«Il ne faut pas se priver d’outils importants à la disposition des employeurs, a affirmé l’économiste de la FCEI, Simon Gaudreault, au cours d’un entretien. Le PTET était un rare outil qui fonctionnait bien et qui était respecté.»

D’après la FCEI, les secteurs du commerce de détail, de l’hébergement, de la fabrication et de la construction sont particulièrement affectés les pénuries de main-d’oeuvre.

Plus de la moitié des postes à combler se trouveraient dans des petites entreprises qui emploient moins de 50 personnes. Le taux de vacance atteint également 4,1 pour cent au sein des compagnies comptant jusqu’à 19 employés.

«Les données montrent que même lorsque les employeurs augmentent les salaires, il y a toujours des postes à pourvoir», souligne M. Gaudreault.

Au pays, le taux de postes vacants est demeuré stable (2,6 pour cent), alors qu’au Québec, il s’est établi à 2,5 pour cent (65 700 postes), ce qui fait en sorte que la province se trouve au milieu du classement.

L’Alberta (3,8 pour cent) et la Saskatchewan (3,6 pour cent) sont les provinces où les taux de vacance ont été les plus élevés.

La FCEI — qui reproche au ministre de l’Emploi et du Développement social, Jason Kenney, de s’être contenté de suggérer une hausse des salaires pour remédier à la situation — estime que les arguments de ce dernier sont insuffisants.

Elle souligne entre autres dans son rapport que les entreprises à la recherche de travailleurs avaient l’intention d’augmenter les salaires de 2,02 pour cent en moyenne au cours de l’année à venir, par rapport à 1,46 pour cent pour celles n’ayant pas de postes vacants depuis longtemps.

M. Gaudreault se questionne également sur les motivations du ministre Kenney, qui a déjà indiqué que l’objectif de la réforme visait à s’assurer que les employeurs n’utilisent pas le programme comme source de main-d’oeuvre bon marché au lieu d’embaucher des Canadiens sans emploi.

«Ce n’est pas moins cher (le PTET), affirme-t-il. Vous devez les rémunérer (les travailleurs étrangers) aux mêmes conditions qu’un travailleur canadien, en plus de payer les frais de transport (…) en plus des démarches auprès du gouvernement, ce qui implique des frais. C’est loin d’être la solution facile.»

Même si M. Kenny a laissé entendre que des modifications pourraient être apportées au Programme, l’économiste de la FCEI croit qu’il en faudra davantage pour renverser la situation actuelle.

«Les modifications, c’est pour certaines villes (…) où le taux de chômage est vraiment bas, rappelle M. Gaudreault. On serait alors dans des cas spécifiques qui couvriraient un petit nombre de travailleurs.»

La Fédération rappelle que le gouvernement Harper a également décidé d’exclure du PTET plusieurs entreprises des secteurs de l’hébergement, de la restauration et du commerce de détail. Au Québec, des négociations sont en cours quant aux modifications qui seraient apportées.

«Nous souhaitons (au Québec) qu’il y ait une entente pour que le PTET demeure une mesure qui pourra bénéficier au plus grand nombre possible d’employeurs québécois, qui respectent ses règles», affirme M. Gaudreault.

Les données utilisées par la FCEI proviennent de sondages effectués auprès de ses membres. Par ailleurs, les estimations de postes vacants de Statistique Canada sont inférieures à celles de la FCEI, notamment parce que les données de l’organisme fédéral englobent le secteur public.

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