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Discrimination envers les personnes séropositives

Photo: Archives Métro Média

Les personnes séropositives seraient encore victimes de discrimination de la part de certaines cliniques dentaires du Québec, selon des chercheurs.

En 2010, des bénévoles de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) ont appelé 769 cliniques dentaires du Québec en prétendant être des personnes séropositives. Le bilan: 4,1% d’entre elles ont refusé de leur donner un rendez-vous.

«Plusieurs disaient qu’elles n’avaient pas l’équipement approprié ou les connaissances requises, et adressaient les gens à un autre dentiste», a rapporté Liz Lacharpagne, avocate et coordonnatrice du programme Droits de la personne et VIH/SIDA à la COCQ-SIDA, et coauteure d’un article intitulé «Discriminations dans l’accès aux soins dentaires: la profession dentaire est-elle concernée?» paru la semaine dernière dans le Journal de l’Association dentaire canadienne (JADC).

«Quand tu es habitué à subir du rejet en lien avec ton statut, tu deviens craintif, a témoigné Daniel, un intervenant psychosocial séropositif. Plusieurs d’entre nous décident de ne pas le mentionner pour ne pas être pénalisés.»

Parmi les cliniques qui ont accepté de recevoir les personnes prétendument séropositives, 10% imposaient des contraintes particulières. Par exemple, certaines demandaient que le rendez-vous se déroule en fin de journée, dans le but d’appliquer des mesures de stérilisation accrues, ou facturaient des frais supplémentaires pour la stérilisation.

«Aucune de ces mesures n’est justifiée objectivement, s’est insurgée Mme Lacharpagne, qui attribue ces attitudes à la peur. Nul besoin d’avoir des connaissances ou de l’équipement spécifiques pour offrir des soins dentaires aux personnes séropositives. Les méthodes de stérilisation universelles doivent éliminer tous les risques de transmission.»

Ce fait est confirmé par l’Ordre des dentistes du Québec (ODQ). «On ne sait pas toujours si les patients sont séropositifs ou s’ils ont d’autres infections transmissibles comme l’hépatite C, alors on doit traiter tous les gens comme s’ils avaient des maladies», a affirmé au nom de l’ODQ Paul Morin, dentiste et responsable au bureau du syndic de l’ordre.

M. Morin est toutefois surpris des chiffres avancés par la COCQ-SIDA. La discrimination est interdite par l’ODQ, et très peu de problèmes lui auraient été signalés dans les dernières années. «Il y a eu des cas dans le passé, mais maintenant, c’est pas mal réglé», croit le dentiste.

Daniel a donné l’an dernier plusieurs présentations de sensibilisation à des groupes de dentistes dans tout le Québec, en collaboration avec l’ODQ. «Plusieurs sont fâchés d’apprendre qu’ils n’ont pas le droit de refuser des soins et que leurs clients ne sont pas obligés de leur dire qu’ils ont le VIH, mais la plupart d’entre eux comprennent», a-t-il constaté. Il compte reprendre ces séances de sensibilisation à l’automne, puisqu’elles sont selon lui une bonne manière de faire changer les choses pour le mieux.

Autres groupes
Les personnes bénéficiant de l’aide sociale sont également victimes de discrimination dans l’accès aux soins dentaires, relate Christophe Bedos, professeur à la faculté de médecine dentaire de l’Université McGill.

  • Les témoignages recueillis par M. Bedos et par le Front commun des personnes assistées sociales du Québec durant plusieurs années indiquent que nombre de personnes assistées sociales se sentent mal accueillies, jugées et traitées différemment par les dentistes qu’elles rencontrent.

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