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Bouchard se questionne sur le rôle du Bloc

MONTRÉAL – La présence du Bloc québécois (BQ) à Ottawa ne fait que diluer le pouvoir politique du Québec, croit l’ex-premier ministre péquiste Lucien Bouchard, qui rappelle que la création du parti visait à préparer le terrain à la victoire du camp du «Oui» lors du référendum de 1995.

S’il a refusé de s’immiscer mercredi dans la controverse entourant l’actuel chef Mario Beaulieu, celui qui a fondé le Bloc en 1991 ne s’est pas gêné pour réitéré que ce parti ne devait être qu’un «one shot».

En marge d’un visionnement de presse du documentaire «Nation, huis clos avec Lucien Bouchard», ce dernier a ressorti une anecdote de la campagne électorale fédérale de 1993, où le parti avait formé l’opposition officielle en faisant élire 54 députés.

«J’ai un gilet que j’ai conservé (…) c’était du matériel de campagne, et c’est écrit là-dessus « J’ai travaillé à la première et dernière campagne du Bloc québécois » avec le logo du Bloc. Je ne l’invente pas», a-t-il raconté.

Le soir de la défaite du «Oui», le 30 octobre 1995, M. Bouchard — toujours député fédéral — était même convaincu que sa carrière politique tirait à sa fin, puisqu’il ne se doutait pas encore que le Parti québécois lui demanderait de faire le saut en politique provinciale.

«Quand nous sommes rentrés à la maison (…) je finissais la session à Ottawa et c’était fini, a-t-il raconté. Je rentrais à Montréal et je retournais à la pratique du droit.»

Selon M. Bouchard, l’élection massive de députés du Bloc au fil des années a miné le nombre de députés québécois au sein du cabinet du gouvernement fédéral.

«Quand vous envoyez à Ottawa 30, 40, 50 députés, comme on le faisais autrefois, il y a de fortes chances que des poids lourds (ne soient pas) au cabinet, a observé l’ex-premier ministre. Quand on est autour d’une table tout le monde, si vous êtes là, vous allez en arracher pour le Québec.»

Questionné à maintes reprises par les journalistes, le fondateur du BQ a catégoriquement refusé de commenter les tuiles qui s’abattent sur M. Beaulieu depuis son accession à la direction du Bloc, qui ne comptera que deux députés pour entamer la campagne électorale de 2015.

M. Bouchard, qui estime que la défaite référendaire de 1995 a «cassé un ressort» au Québec, ne croit pas qu’il verra un autre référendum sur la souveraineté du Québec de son «vivant».

«C’est clair. J’espère que je ne verrai pas cela parce qu’on va en perdre un troisième, a-t-il affirmé. Pas question qu’on s’expose à en perdre un troisième. Plus tard, je ne sais pas.»

Toujours nationaliste, l’ex-premier ministre péquiste estime qu’une génération de Québécois aspire toujours à réaliser l’indépendance de la province, mais il croit toutefois que les Québécois n’en «veulent pas».

Ces déclarations ne l’ont toutefois pas empêché de critiquer l’attitude du gouvernement fédéral, qui, selon lui, isole le Québec.

«Ça ne correspond pas à ce qu’on devrait attendre d’un gouvernement fédéral, a observé M. Bouchard. Ça veut intégrer, créer de l’unité (…) pour que les gens marchent ensemble. Ce n’est pas très sain pour le Canada d’avoir un Québec qui est malheureux et qu’on isole.»

Le documentaire, réalisé par Carl Leblanc, sera diffusé sur les ondes de Télé-Québec le 25 août prochain.

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