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Le robot HitchBOT réussit à atteindre Victoria

James Keller - La Presse Canadienne

VICTORIA – Une fois que l’on fait abstraction de son corps en forme de seau en plastique, de ses bras composés de «spaghettis» en mousse destinées à la baignade, et de son absence complète d’âme, Seb Leeson voit beaucoup de lui-même dans HitchBOT, le robot fait de bric et de broc qui a passé plusieurs semaines à traverser le Canada — «sur le pouce»…

M. Leeson, un touriste belge de 32 ans, et sa femme ont entamé un voyage en voiture d’un océan à l’autre — de Halifax à Victoria —, soit le même itinéraire, à peu de choses près, que HitchBOT a emprunté lorsqu’il a débuté son propre périple, le mois dernier. Et tandis que le robot est techniquement de fabrication locale — il a été assemblé par deux professeurs ontariens —, M. Leeson affirme que le robot lui ressemble malgré tout, en plus d’agir, tout comme lui, à la manière d’un étranger.

«Ce n’est pas un Canadien ordinaire en voyage, tout comme nous ne le sommes pas non plus», a dit M. Leeson, l’une des nombreuses personnes qui a embarqué le robot autostoppeur.

L’engin a quitté Halifax à la fin juillet, réussissant à se trouver des conducteurs capables de le transporter sur plus de 6000 kilomètres, jusqu’à son arrivée à Victoria, plus tôt cette semaine. Un GPS a permis de suivre le robot à la trace sur un site web et sur Twitter; celui-ci a d’ailleurs attiré près de 35 000 abonnés.

M. Leeson et son épouse, qui avaient déjà vu des informations sur HitchBOT, ont croisé le robot sur une plage au nord de Sault Ste. Marie, en Ontario. Peu après, ils installaient la machine dans leur fourgonnette. HitchBOT, qui a environ la taille et le poids d’un petit enfant, en plus d’afficher un visage sur un écran, possède un logiciel de reconnaissance vocale. Cela lui permet d’indiquer aux gens où il voulait se rendre, en plus de poser et de répondre à des questions simples.

Les créateurs de HitchBOT mentionnent que leur robot a été embarquée à bord d’au moins 18 véhicules différents, alors que des étrangers prenaient la responsabilité de le rapprocher le plus possible de sa destination finale. Parmi les nombreuses aventures du robot, on compte un pow-wow des Premières Nations, une arrivée impromptue dans un mariage, l’heure du thé à Victoria, et se faire prendre en photo un nombre incalculable de fois à travers le pays.

La cocréatrice de HitchBOT, Frauke Zeller, professeure adjointe à l’université Ryerson, dit avoir voulu explorer la façon dont les humains réagiraient lorsque le rôle habituel de la technologie était inversé. «Habituellement, nous avons des robots pour nous aider. Dans ce cas-ci, le robot dépendait absolument de l’aide des gens, et sommes-nous donc capables de faire cela? Je crois que nous avons des résultats particulièrement incroyables.»

Lorsque le robot est arrivé à Victoria, son bras mécanique qui cherchait à attirer l’attention des automobilistes s’était brisé, et il y avait une fissure dans le moule à gâteau en plastique lui servant de tête, mais l’engin se trouvait malgré tout en bon état.

L’autre cocréateur, David Smith, de l’université McMaster, estime qu’à l’échelle internationale, le fait que des étrangers collaborent pour transporter un robot d’un bout à l’autre du pays représente un caractère distinct de la culture canadienne. «Cela a poussé des Américains à se demander si une idée semblable pourrait fonctionner aux États-Unis ou dans un autre pays.»

Le robot a été invité à une conférence à saveur technologique dans la Silicon Valley, le mois prochain, et ses deux créateurs réfléchissent toujours à ce qu’il adviendra de HitchBOT par la suite.

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