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Mario Beaulieu ne changera pas de cap

OTTAWA – Malgré les secousses et le départ de deux de ses députés, le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, n’a pas l’intention de changer ses méthodes ni ses orientations, a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

Pas plus qu’il ne va rectifier ses propos sur l’attitude «attentiste» du Bloc au cours des 20 dernières années, comme lui demande l’ex-chef Gilles Duceppe, se privant peut-être ainsi d’un allié.

La majorité des gens se sont ralliés à lui et il croit fermement que les autres les imiteront, a expliqué Mario Beaulieu dans sa première entrevue depuis la démission, lundi, d’André Bellavance.

«L’objectif, c’est de rallier tout le monde. Et je suis à l’écoute», a-t-il dit mercredi.

«C’est sûr que la pente est plus abrupte», a-t-il ajouté au sujet des deux élus bloquistes qui ont quitté le caucus.

Le chef a eu une rencontre mercredi avec celui qui a dirigé la formation souverainiste fédérale pendant 15 ans, Gilles Duceppe, mais il dit vouloir garder le contenu de la conversation à «huis clos», parce qu’elle était de nature privée entre les deux hommes. La rencontre a été très cordiale et bénéfique, selon M. Beaulieu.

Il a déclaré avoir discuté de différents dossiers et enjeux, comme la commission nationale sur les valeurs mobilières, les relations interculturelles et la Palestine, mais n’a soufflé mot sur des discussions qui auraient visé son leadership.

Car la dissension règne au sein du Bloc depuis son élection comme chef le 14 juin, ce qui a notamment mené aux départs des députés André Bellavance et Jean-François Fortin. Quant au député Claude Patry, il termine son mandat mais n’en cherchera pas un autre.

Mais la rencontre n’était pas en lien avec ces démissions, a précisé M. Beaulieu. Elle était prévue depuis longtemps.

Car le chef dit rencontrer de nombreuses personnes dans le cadre de ses fonctions et avoir, par exemple, déjà parlé à Daniel Paillé, un autre ancien chef bloquiste. Celui-ci, qui s’est retiré de la politique pour des raisons de santé, a tenu à préciser mercredi soir qu’il n’avait eu qu’une seule rencontre avec M. Beaulieu, après son élection, pour lui présenter l’équipe et lui expliquer le rôle de chacun. Et non pas pour le conseiller en lien avec la crise qui sévit au sein du Bloc, a-t-il dit sèchement: il affirme ne pas avoir l’intention de jouer au «beau-frère».

Mardi, Gilles Duceppe avait réitéré à La Presse Canadienne son intention de demander à Mario Beaulieu de rectifier certains propos qu’il avait tenus le jour de son élection comme chef sur «l’attentisme et l’étapisme» qui auraient miné le Bloc depuis 20 ans, des déclarations qu’il n’a pas digérées.

Si le chef rectifiait ses propos, cela l’aiderait peut-être à rassembler les gens autour de lui, avait suggéré M. Duceppe.

Mais peine perdue: mercredi, M. Beaulieu a déclaré en entrevue qu’il n’était pas question ici de rectifier ses propos, mais de les préciser.

D’ailleurs, il soutient les avoir amplement clarifiés depuis. Et que ses déclarations sur l’«attentisme» ne visaient pas le Bloc québécois comme tel. Il ajoute avoir souligné à maintes reprises le travail acharné des bloquistes.

«Moi je ne fais pas de rectification, moi j’explique quel est notre plan d’action», a-t-il dit au téléphone, en route vers l’Abitibi.

Pour lui, sa stratégie est en continuité avec ce qui a déjà été fait. «Mais les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connu le référendum de 1995 et il faut refaire une campagne majeure de promotion de l’indépendance». Il a l’intention de l’entreprendre dès cet automne.

M. Beaulieu a ensuite rappelé La Presse Canadienne pour préciser, au sujet de ses déclarations du jour de son élection — le 14 juin — que «tout était réglé» avec M. Duceppe.

Pourtant, rejoint sur son vélo quelques minutes plus tôt, Gilles Duceppe, désormais analyste politique, a affirmé que sa prochaine chronique porterait justement sur sa rencontre avec M. Beaulieu, et notamment sur ses déclarations du 14 juin. Et qu’il poserait un jugement par la suite.

«Je lui ai demandé de réfléchir», a dit M. Duceppe à propos de sa rencontre avec Mario Beaulieu. «Je lui ai posé une série de questions auxquelles il répondra éventuellement».

«20 ans, ça nous mène à 1994. C’est faux de dire qu’on a fait une campagne référendaire en étant attentiste», souligne M. Duceppe. Peut-être qu’il dira qu’il s’est trompé, que cela ne fait pas 20 ans, ou autre chose, a-t-il ajouté.

Quant à savoir si ces déclarations qu’il reproche à M. Beaulieu nuisent à la cause souverainiste, M. Duceppe s’est contenté de répondre: «Les déclarations étaient erronées. Tout ce qui est erroné n’aide pas».

Il refuse la suggestion selon laquelle les militants se sont trompés en confiant les rênes du parti à M. Beaulieu. «C’était une décision démocratique», a tranché M. Duceppe, sans appel.

Confronté aux propos de M. Duceppe, qui ne semble pas du tout considérer l’affaire close, M. Beaulieu a répliqué: «À ce moment-là je vais répondre. Ça me permettra de m’expliquer».

Il n’y a pas d’autre rencontre prévue entre les deux hommes.

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