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Les Îles doivent se préparer aux déversements

Étienne Fortin-Gauthier - La Presse Canadienne

Si l’un des nombreux pétroliers qui circulent à proximité des Îles-de-la-Madeleine devait s’échouer et provoquer un déversement, l’archipel n’aurait tout simplement pas les outils nécessaires pour y faire face, dénonce son maire, Jonathan Lapierre.

En entrevue à La Presse Canadienne, le maire des Îles-de-la-Madeleine a indiqué que le déversement d’hydrocarbure survenu au cours des derniers jours sur l’archipel est un signal d’alarme qui doit forcer les autorités à mieux se préparer à toute éventualité.

Jeudi dernier, une fuite a été constatée dans un oléoduc qui relie sur environ 3 kilomètres le port de Cap-aux-Meules à la centrale d’électricité d’Hydro-Québec. La cause et le lieu exact de la fuite sont toujours inconnus mais les autorités confirment qu’il n’y a plus d’hydrocarbure qui s’échappe de l’oléoduc.

Une opération de nettoyage, qui avait permis de récupérer 33 000 litres de diesel mardi matin, est menée 24 heures sur 24 par Hydro-Québec. Selon le maire, le combustible est surtout présent près du port de pêche de Cap-aux-Meules, mais il était toujours trop tôt mardi soir pour connaître l’ampleur réelle de l’incident et surtout ses conséquences.

Il affirme que les citoyens des Îles-de-la-Madeleine «sont inquiets» et réalisent une fois de plus que le milieu naturel exceptionnel et fragile dans lequel ils vivent est vulnérable aux déversements d’hydrocarbures ou même aux marées noires.

Le maire souhaite que le gouvernement du Québec aide sa communauté à s’outiller afin de pouvoir faire face à une catastrophe écologique, si un tel événement devait survenir. Une demande formelle sera faite par le conseil municipal pour la création d’un centre d’intervention d’urgence.

«L’incident des derniers jours met en lumière l’importance d’être bien préparé. Actuellement, il n’y a aucune instance aux Îles-de-la-Madeleine qui a des équipements requis si un pétrolier faisait un déversement, il n’y a personne aux Îles qui puisse y répondre de manière adéquate», a confié Jonathan Lapierre.

Tous les pétroliers qui se rendent par Québec et Montréal passent au large des Îles, rappelle-t-il.

«Les bateaux passent de chaque côté des Îles, ils vont continuer à passer de chaque côté. Mais ce qu’il faut, c’est être préparé, d’avoir des outils et du personnel pour faire face à un éventuel déversement», a ajouté M. Lapierre.

Le maire sait bien que le gouvernement du Québec a des ressources pour faire face à des catastrophes environnementales, mais elles sont trop éloignées, selon lui. «La ville de Québec est extrêmement loin des Îles-de-la-Madeleine», rappelle-t-il.

Il compte aller rencontrer des représentants du gouvernement pour expliquer ses demandes et les façons dont on pourrait aider sa communauté.

«Ce qu’on veut exprimer haut et fort c’est que le gouvernement et les instances gouvernementales comme Hydro-Québec doivent tenir compte de la situation particulière des Îles et de sa fragilité. Il est difficile de prévoir l’impensable, alors, il faut se préparer», a-t-il tranché.

Un déversement pourrait avoir un impact dramatique sur les Îles, considérant que l’économie dépend principalement du tourisme et de la pêche. Les coûts pour le nettoyage seraient aussi assurément élevés, a soutenu le maire.

Dans le cas du déversement de jeudi, le PDG d’Hydro-Québec, Thierry Vandal, a promis que l’ensemble des coûts liés au nettoyage seront assumés par la société d’État. Il a aussi offert ses excuses aux Madelinots, alors qu’il était de passage aux Îles.

Par le passé, d’autres acteurs sociaux et politiques des Îles-de-la-Madeleine se sont montrés inquiets des risques que représentent les marées noires, dans le contexte de l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans le golf du Saint-Laurent.

Ces craintes avaient été amplifiées après la marée noire dans le Golfe du Mexique, où l’équivalent de 4,9 millions de barils de pétrole s’étaient retrouvés dans l’eau.

Les Îles-de-la-Madeleine ont déjà été victimes d’un déversement de produits toxiques en septembre 1970, après qu’une barge pétrolière, l’Irving Whale, eut coulé à 100 km de l’archipel. Une partie des 4300 tonnes de mazout et d’huile isolante contenant des BPC qui se trouvait à bord s’est retrouvée dans l’environnement.

Le renflouement de l’Irving Whale n’a eu lieu que 26 ans plus tard, en 1996.

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