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Harper affirme que 69 soldats sont déjà en Irak

OTTAWA – L’expression «troupes au sol» («boots on the ground» en anglais) est une manière détournée de parler de «guerre» — un mot que tous évitaient mardi à la Chambre des communes à l’occasion d’un débat d’urgence. Les députés se sont réunis pour débattre de la décision du Canada de se joindre aux efforts militaires contre le groupe extrémiste État islamique au Moyen-Orient.

Au coeur du débat se trouvait la question à savoir si l’envoi de commandos des forces spéciales hautement qualifiés et lourdement armés dans le nord de l’Irak représentait une «opération de combat» — dans quel cas serait requis l’approbation du Parlement.

Néanmoins, aucun vote ou consensus n’émanera du débat aux Communes, qui a été appelé lundi par le président de la Chambre Andrew Scheer à la requête du député libéral Marc Garneau.

Le premier ministre Stephen Harper a dit à répétition qu’il n’enverrait pas de «troupes au sol» en Irak, signifiant qu’un déploiement plus large des soldats de la force régulière ne suivrait pas l’arrivée des forces spéciales canadiennes.

Plusieurs des détracteurs de M. Harper voient peu de distinction entre les deux cas de figure.

Tant les néo-démocrates que les libéraux craignent que la mission visant à conseiller et aider les forces irakiennes et les combattants kurdes ne se transforme en opération de combat, comme ce fut le cas à Kandahar, en Afghanistan, en 2006.

Les États-Unis se préparent pour une «opération antiterrorisme» de longue durée contre le groupe dissident d’Al-Qaïda connu sous le nom d’État islamique.

Des experts estiment qu’un combat prolongé contre l’État islamique pourrait très bien impliquer des soldats occidentaux de façon restreinte, en dépit des affirmations contraires de politiciens pour l’instant.

M. Harper a indiqué mardi que 69 soldats des forces spéciales avaient été envoyés dans le nord de l’Irak pour conseiller et appuyer les forces locales dans un déploiement qui doit être révisé d’ici 30 jours.

Le premier ministre a dévoilé le détail de ce déploiement durant une deuxième journée consécutive de pressions de l’opposition à la période des questions à la Chambre des communes.

Mais une opération antiterrorisme ne consiste pas seulement à conseiller les forces locales — ou à leur enseigner comment coordonner des frappes aériennes. Il s’agit d’une campagne systématique qui cible le leadership, l’infrastructure et le financement d’un groupe terroriste.

Jusqu’à maintenant, le Canada n’a apparemment pas déployé son unité d’élite antiterrorisme, la force opérationnelle interarmées ou FOI 2. «Apparemment», car les gouvernements conservateurs et libéraux ne reconnaissent pas les activités secrètes de la FOI 2.

Le signalement de l’activité de l’unité en Afghanistan dans la foulée des attaques terroristes contre les États-Unis le 11 septembre 2001, ayant émané d’une photo dans un journal, a suscité un scandale qui a éventuellement coûté son poste au ministre de la Défense, Art Eggleton.

Si le gouvernement Harper devait choisir de participer pleinement dans la campagne américaine, il s’agirait probablement de l’implication de membres de la force opérationnelle interarmées dans la traque de leaders de l’État islamique — et ni le gouvernement ni l’armée ne souhaiterait que la question soit débattue au Parlement.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a tenté de décrire M. Harper comme une girouette en soulignant qu’il avait promis en 2007 de tenir des votes sur «tous» les déploiements de soldats.

M. Harper s’oppose à la tenue d’un vote, faisant valoir qu’il ne s’agit pas d’une mission de combat. Alors que des soldats canadiens étaient en Afghanistan, les conservateurs ont demandé deux fois l’avis du Parlement sur le prolongement de la mission à Kandahar.

La loi ne contraint pas le gouvernement à consulter les députés pour une mission qui place des militaires en situation de danger. Le déploiement de soldats est une prérogative du premier ministre et du cabinet fédéral.

Des experts, incluant l’actuel chef d’état-major interarmées aux États-Unis, ont affirmé que des combats prolongés contre l’État islamique pourraient impliquer l’apport de forces spéciales occidentales, mais le président américain Barack Obama a déjà signifié qu’il n’y aurait pas de déploiement à large échelle.

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